🗓 Le 14 novembre 2016

Chères et chers camarades,

J’ai décidé de vous demander de me renouveler votre confiance, en me désignant à nouveau à l’investiture du Parti Socialiste pour les Sénatoriales de septembre 2017 à Paris, afin d’accomplir un dernier mandat.

Je vous le demande parce que, d’abord, je pense avoir la force, l’énergie, les capacités et l’expérience, l’âge aussi, et surtout les convictions, pour porter le combat et les valeurs des socialistes, dans cette enceinte parlementaire à nouveau dans les mains d’une droite de plus en plus dure, avec la détermination et la passion dont j’ai fait preuve jusqu’à présent.

Je vous le demande parce que je pense pouvoir encore m’investir totalement pendant 6 ans, comme je l’ai toujours fait après 17 ans d’exercice de mon métier de professeur d’Histoire-Géographie, dans cette assemblée utile et importante de la République, qui n’est plus et ne doit plus être, le lieu de la pré-retraite ou de complément de retraite de politiques qui ne veulent pas, ou n’arrivent pas à passer la main. C’est pour cela d’ailleurs que dès mon élection au Sénat j’ai démissionné de toutes mes fonctions d’exécutif parisien bien avant que cela soit notre règle interne à Paris et près de 10 ans avant la loi sur le non-cumul qui s’appliquera à tous en 2017.
Un dernier mandat car je compte ensuite arrêter cette forme de mon engagement militant, qui nécessite plus qu’un plein temps de travail, à l’âge légal de la retraite commun à tous les citoyens qui peuvent le faire, et permettre à la nouvelle génération d’accéder à la représentation parlementaire. Mon engagement, lui, commencé à l’âge de 15 ans, je le poursuivrai jusqu’à mon dernier souffle.

Je suis fier que mon Parti ait fait de la place à son plus haut niveau, à un parcours social et militant trop peu consacré dans la vie politique.
Je suis fier que mon Parti m’ait donné la chance et l’honneur, à moi, juif, né dans un village du Moyen-Atlas au Maroc, arrivé brutalement en France à l’âge de 8 ans, naturalisé français avec ma famille à l’âge de 14 ans, grandi dans les quartiers ouvriers et populaires de Creil, installé depuis 36 ans dans le 20ème arrondissement de Paris riche de sa diversité sociale et culturelle, de représenter la République Française que j’aime, une et indivisible, Sociale et Laïque.
Avant d’être élu local du 20ème arrondissement où j’ai inventé et mis en place les premiers conseils de quartiers et dispositifs de démocratie participative à Paris en 1995, puis Adjoint au Maire de Paris qui a créé la délégation à la Vie Etudiante et toutes ses innovations qui continuent de vivre aujourd’hui, j’ai été un animateur du mouvement social de la jeunesse (organisation de la Marche contre le racisme et pour l’égalité des droits (dite « Marche des Beurs ») et porte-parole du mouvement étudiant contre la loi Devaquet dans les années 80 (au cours duquel Malik Oussékine fut tué par des policiers à Paris et dont nous honorerons la mémoire le 6 décembre à l’occasion du 30ème anniversaire de sa mort), fondateur des mouvements « Faut pas Décoder » contre la réforme du code de la nationalité et de « Stop la Violence » dans les années 90.

Par ailleurs, je suis l’auteur de plusieurs livres et recherches sur l’histoire de l’immigration, et sur la répression alors occultée des Algériens à Paris en octobre 1961.
Quelle que soit l’issue de la bataille présidentielle qui s’engage, je sais qu’il en faudra de
l’énergie et des convictions, pour continuer à porter haut votre parole et votre action,
qui conjuguent la gauche de gouvernement à la défense fidèle et intransigeante des valeurs fondamentales de la République et du progrès social-écologiste.
Pour moi, ce que nous faisons à Paris depuis 2001, sous l’impulsion de Bertrand Delanoë, et maintenant d’Anne Hidalgo, représente parfaitement ce mariage réussi entre le pragmatisme de l’action concrète, exigeante et responsable, au service de nos concitoyens, et l’idéal qui donne sens à notre action par l’affirmation sans concession dans tous les domaines de nos valeurs humanistes et universalistes.

Je sais aussi qu’il revient à ma génération de transmettre, d’aider celle qui vient de toutes
ses forces, à reconstruire ce qui s’est défait à gauche, en réaffirmant ses principes
fondamentaux trop souvent oubliés, mais aussi en les régénérant par l’audace de l’innovation et la liberté d’oser de nouvelles propositions.

Je sais aussi que pour reconstruire il faudra être non seulement à l’écoute, mais également encourager à prendre toutes leurs places dans l’engagement politique, celles et ceux qui dans les divers domaines de la vie publique, pensent et agissent pour que les femmes et les hommes vivent mieux et ensemble, en harmonie avec leur environnement, et profitent, au lieu de les subir, des innovations technologiques qui bouleversent les rapports sociaux et économiques.

Nous devrons être à nouveau à la pointe de l’invention des nouvelles pratiques militantes comme nous avons si bien su l’être. Nous pouvons d’ailleurs être fiers d’avoir porté une femme à la tête de Paris, et aussi d’avoir permis de faire élire, dans le 20ème, une femme Maire et trois femmes députées en leur réservant la tête de liste municipale et la totalité des circonscriptions de l’arrondissement dans lequel je milite.
Comme Porte-Parole national de notre Parti de 2012 à 2015, j’ai porté avec pugnacité
quotidiennement et sans répit ces exigences auprès de nos concitoyens, dans les bons et les mauvais jours, souvent dans l’adversité, dans tous les lieux où il fallait le faire, et sur tous les médias.
Je crois mériter votre confiance par ce que j’ai fait au Sénat jusqu’à présent.
De 2011 à 2014, acteur avec mes collègues de la conquête historique de la majorité de
gauche au Sénat, j’ai été le concepteur, le créateur, et le Président de la Commission de contrôle de l’application des lois pour faire vivre réellement les deux fonctions essentielles du législateur, non seulement faire la loi, mais contrôler l’exécutif.
A partir de 2008 jusqu’à maintenant, Vice-Président de la commission de la Culture, de l’éducation et de la communication, j’ai été le rapporteur « Médias et Presse » de cette commission, et aujourd’hui j’en suis le rapporteur « Création et Cinéma ».

Depuis, et sans interruption, je coordonne et j’anime l’action des sénatrices et sénateurs socialistes de cette commission.
J’ai bien sûr porté les combats de Paris dans l’hémicycle, et défendu ses intérêts politiques et financiers, en particulier dernièrement pour que la Maire de Paris, comme dans toutes les villes de France puisse décider de l’ouverture des commerces le dimanche, fait adopter des amendements pour taxer et encadrer les locations de meublés (Airbnb), pour faciliter la création de logements sociaux, et enfin pour défendre la réforme du statut de Paris débattue et voulue par notre Conseil Municipal et Départemental.

Mais plus généralement, sur toutes les questions politiques liées à la justice sociale et au droit du travail, à l’accueil et aux droits des immigrés ou des réfugiés, à la lutte contre les discriminations, en harmonie avec la grande majorité des militants socialistes parisiens, j’ai défendu avec force et constance ce qui m’a semblé être nos valeurs fondamentales et notre engagement pour les droits des travailleurs. D’abord face aux gouvernements de droite, puis quand il a fallu soutenir notre gouvernement, comme pour le mariage pour tous et aujourd’hui face à la majorité sénatoriale redevenue de droite en 2014, mais aussi en le rappelant à notre gouvernement à l’occasion par exemple des débats sur la déchéance de la nationalité ou sur certains aspects de la loi travail, « ni-frondeur » ni « béni oui-oui ».

Par mon travail régulier et approfondi sur les questions qui touchent à la liberté, au pluralisme et à l’indépendance de l’information face aux dangers provoqués par la concentration entre les mains de quelques grands groupes privés de l’essentiel des médias écrits et audiovisuels de notre pays, je suis devenu un des spécialistes reconnus de ce combat qui prend aujourd’hui toute son actualité avec la grève des salariés d’ITélé que j’ai été parmi les premiers à soutenir publiquement.
Hormis mes nombreuses interventions, rapports, et propositions de loi sur le sujet, ma principale fierté de parlementaire est d’avoir proposé et fait adopter un amendement qui a inscrit dans la Constitution de notre République à son article 34, à l’occasion de sa révision de 2008, la nécessité de l’indépendance, du pluralisme et de la liberté des Médias.

Voilà l’essentiel de mon bilan sur cette mandature sénatoriale à un an de sa fin, avec mes plus de 700 interventions en commission dont je suis un des premiers assidus et 200 interventions en séances publiques.

Voilà chères camarades, chers camarades, le sens de ma candidature.

Elle n’est « contre » ni « à la place » de personne, elle n’est pas plus « de droit » parce que je suis sortant, je pense seulement qu’elle est légitime par ce que j’ai fait en votre nom, la façon dont je l’ai fait, et la passion que j’ai pour continuer à mettre toute mon énergie à porter les idées et les propositions des socialistes au Sénat quelques soient les difficultés que nous rencontrons et que nous rencontrerons, comme à tout faire pour préserver notre unité et reconstruire celle de la gauche.  

Je sais que notre majorité municipale parisienne, de la plus puissante collectivité territoriale restée à gauche, jouera un rôle essentiel pour défendre notre République et ses valeurs si violemment attaquées par ceux qui ont ensanglanté Paris les 7-9 janvier et 13 novembre 2015, pour résister à la vague populiste et aux mauvais vents qui soufflent en France et dans le monde, et faire vivre la justice sociale.

Avec vous, je serai disponible et déterminé pour ce combat, à la place à laquelle je vous demande de m’investir.

A vous d’en décider librement et en conscience.

Salutations socialistes et fraternelles.

David Assouline