Je viens soutenir cette délibération, en reprenant le débat tel qu’il s’était arrêté à travers les questions d’actualité, déjà sur le plan plus politique, pour commencer.

Je dois dire que, si l’on regarde tous en arrière – et je sais que le temps médiatique chasse vite les choses -, il y a eu un moment où l’on s’est pressé devant toutes les télévisions pour montrer son émotion, pour montrer sa solidarité, avec beaucoup de force, envers ces jeunes Tunisiens que l’on qualifiait de héros, qui avaient osé braver au péril de leur vie une dictature.

Quand on disait d’untel ou untel, notamment à Droite au Gouvernement, qu’il n’avait pas fait montre auparavant d’une telle solidarité, on nous disait que non, ce n’était absolument pas vrai et qu’il fallait regarder l’avenir.

Aujourd’hui, quand on parle de ces jeunes Tunisiens, on parle comme M. LAMOUR tout à l’heure pour les stigmatiser, pour essayer de monter les populations contre eux. On oublie vite, parce que le temps électoral commence et parce que l’on pense que, finalement, les images des héros sont chassées et qu’il ne reste que les gueux dans les rues, avec lesquels on peut effrayer la population parisienne.

Je veux quand même rappeler ce moment-là, pour savoir, pour qu’ensemble on ait cet honneur, que l’on soit de Droite ou de Gauche d’ailleurs, de considérer que les centaines de Tunisiens réfugiés ici, en France et à Paris, méritent les mêmes mots et méritent la même attention et la même solidarité qu’à ce moment-là de l’actualité où tout le monde était d’accord pour le dire.

Je pense aussi que peut-être que la réalité, pour le Gouvernement, n’était pas ces mots de solidarité que l’on a entendus à ce moment précis, où il y avait unanimité, mais plutôt les mots du moment d’avant où, quand on parlait de ces jeunes Tunisiens ou quand on parlait des événements de Tunisie, Mme ALLIOT-MARIE préférait nous alerter ou nous rassurer, sur le fait que nous conseillions le Gouvernement à l’époque de BEN ALI, sur les meilleurs moyens de maintenir l’ordre.

Peut-être que cette époque est revenue, où l’on ne parle plus des Tunisiens et du peuple tunisien que comme d’un peuple qui, finalement, était bien tenu sous une dictature et, aujourd’hui, est négligé parce que, bien entendu, avec une révolution, il y a des soubresauts. Bien entendu, il y a des déplacements de population et cela a été de tous temps et en tous lieux.

Aujourd’hui, les déplacements, après les révolutions égyptiennes tunisiennes ou libyennes, dues aux guerres, dues aux instabilités, dues à l’approfondissement de crises économiques, sont des déplacements Sud/Sud et ce sont les Tunisiens qui paient au pot le plus cher pour le monde entier, alors qu’ils n’ont pas les moyens.

500.000 Libyens sont réfugiés en Tunisie et, en Tunisie, il n’y a pas de mouvement, il n’y a pas de force politique pour dire : « Regardez ces gueux, ils viennent manger notre pain ou semer le trouble en Tunisie », alors qu’ils n’ont déjà pas grand-chose.

Alors, nous, la République universelle, la République des droits universels, devons donner un autre message que les mots pitoyables de M. LAMOUR tout à l’heure pour dénoncer une délibération qui vient juste dire que nous pouvons donner 700 euros pour ce droit au retour, pour permettre qu’il se fasse dans la dignité, pour les volontaires qui le souhaitent.

D’autant plus, et je veux conclure là-dessus, que M. le Préfet, tout à l’heure, dans sa réponse, a induit une petite confusion, je dirai même une erreur si j’ai bien compris.

L’accord avec M. BEN ALI de Nicolas SARKOZY, sur les 2.000 euros pour l’aide au retour ne concernait pas seulement les migrants en situation régulière, comme il l’a dit, puisqu’il dit qu’aujourd’hui la difficulté c’est qu’ils sont en situation irrégulière et que l’on ne peut pas monter les dossiers.

L’article de cet accord disait que cette aide au retour volontaire correspond à une aide financière de 2.000 euros, pour les ressortissants tunisiens en situation irrégulière qui font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.

Nous sommes bien dans le cadre qui était défini à l’époque et je veux conclure en disant que quand on ferme les yeux sur l’absence d’aide humanitaire, de régularisation et sur une aide au retour tellement basse que le retour n’est pas possible, que fait-on ? On laisse pourrir une situation au lieu d’ouvrir les yeux et d’avoir un peu d’ humanité.

Nous avons préféré ouvrir les yeux et voir cette humanité plutôt que de faire croire que nous sommes dans une situation d’assiégés alors que nous sommes juste dans une situation de pouvoir garantir des accords passés et de rester conformes à nos valeurs pour le monde entier.