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Voeux du président de la République

 « Pensez-vous que les vœux de François Hollande constituent un tournant social-libéral ? »

J’ai bien entendu les commentaires qui ont été fait après les voeux du président de la République le soir du 31 décembre, j’ai aussi reçu et cela me permet d’y répondre tout de suite, des questions de ce type des internautes. Ce qui a été affirmé par le président de la République, c’est qu’aujourd’hui il s’agit de dynamiser la relance trop faible de notre économie pour que concrètement l’emploi qui est la priorité des priorités, pas seulement du gouvernement mais de nos concitoyens, et la baisse du chômage, soient perceptibles et ressentis, soient confortés dans l’année 2014, c’est un enjeu fondamental pour la vie quotidienne de nos concitoyens.

C’est aussi quelque chose de fondamental pour le pouvoir d’achat : à chaque fois qu’un emploi est retrouvé, c’est du pouvoir d’achat dans une famille. Le président de la République a réaffirmé avec force que nous voulons défendre le modèle social français, en relançant, en redynamisant, en permettant à l’économie et à la production de redémarrer de façon beaucoup plus affirmée encore qu’aujourd’hui. Là où la droite propose exactement l’inverse. Elle, elle veut casse le modèle social soi disant pour permettre que l’économie redémarre. On a vu ce que cela a donné, y compris dans les propositions qu’elle a faites dernièrement, c’est la fin d’un modèle social et de toutes les solidarités qui ont été créées pour permettre justement, dans la crise terrible que nous avons traversée et qui est encore prégnante, de faire face ensemble.

Pour mener cette politique de gauche, nous avons besoin bien entendu de faciliter, de permettre aux entreprises d’investir, et cela passe par des réformes dans tous un tas de domaines où il y avait des blocages et où nous étions nettement en retard. Il y a en particulier ce qui touche à l’avenir, c’est pour cela que nous faisons cette réforme de l’éducation parce qu’il faut que tous les jeunes puissent avoir un niveau d’éducation, de formation à la hauteur, c’est aussi la réforme de la formation professionnelle, c’est tout l’encouragement à l’innovation, à la créativité. C’est aussi l’importance de la lisibilité et de la simplification de l’ensemble de nos règles, de nos procédures pour permettre cette créativité et ce dynamisme.

En fait, l’enjeu est aujourd’hui aussi à travers cette politique: la concrétisation sur le terrain et la levée de tous les scepticismes. Il y a les scepticismes qui existent chez un certain nombre de chefs d’entreprise mais il y a surtout le scepticisme de ceux qui souffrent et sont dans la plus grande difficulté parce que le pays a été mis en retard. Il faut non seulement rattraper le retard mais reprendre un temps d’avance, comme la France l’a souvent fait pour être la puissance qu’elle est encore aujourd’hui dans le monde.

C’est aussi par l’Europe que cette politique d’investissement est nécessaire et obligatoire car face aux  enjeux aujourd’hui. L’Europe est l’échelle pertinente pour apporter les réponses. Il y a aussi ce que le président de la République a dessiné non seulement comme priorité, y compris quand on parle de baisse des dépenses, pour assumer pleinement la transition énergétique parce que là il y a bien entendu de l’investissement, de l’innovation, de la dynamique économique nouvelle, porteuse d’avenir, utile pour la planète et utile pour nos concitoyens. Il y a une facture énergétique à baisser, qui est importante dans le poids de notre économie. Voilà ce qui a été dit par le président de la République. Voilà ce que nous allons dire, approfondir et dynamiser. Une nouvelle étape un approfondissement, une nouvelle dynamique de ce qui a été engagée mais qui doit avoir un nouveau souffle, qui doit prendre une nouvelle dimension pour qu’en 2014, le redémarrage de l’économie, pas seulement en France, puisse se développer. Voilà ce que je voulais vous dire sur cette interprétation des vieux présidentiels et je crois qu’il y aura d’autres moments d’expression du Président dans le mois, et un moment d’expression aussi du Parti socialiste à travers les vœux du premier secrétaire qui auront lieu le 16 janvier, pour expliquer et approfondir.

Sur le plan purement politique, il y a cette année deux échéances électorales majeures pour notre pays, il faut que le Parti socialiste prenne tout sa place, sa place incontournable dans ce combat politique, en particulier en allant convaincre et expliquer ce que je viens de dire et mobiliser les abstentionnistes qui aujourd’hui sont le reflet politique des scepticismes. Dans ce moment les Français voient bien qu’il n’y pas d’alternative à ce que nous faisons. Il y a les pseudo propositions de l’extrême droite, le repli nationaliste, la sortie de l’Europe, la désignation de boucs émissaires au sein de notre propre pays, le renforcement des peurs,  exactement l’inverse de ce que nous devons faire. Les autres propositions que la droite a commencé à faire : ce sont 1 million de fonctionnaire en moins, la casse tous azimuts de notre modèle social, la remise en cause du droit du travail, la fin de la durée légale du temps de travail telle qu’elle est aujourd’hui et la remise en cause globale de nos solidarités. Le message du président de la République, c’est de préserver, de défendre  ce modèle français qui n’a pas à rougir. En particulier parce que c’est un modèle qui défend pour l’essentiel ceux qui sont le plus dans la difficulté. Et qui permet, à partir de là, de continuer notre marche vers le progrès social, et non pas vers la régression, voir la restauration, proposées par la droite et les libéraux.


Vœux du président: dynamiser la relance… par PartiSocialiste  

Le spectacle de Dieudonné propage et appelle à la haine

 «  Le gouvernement croit-il vraiment interdire, par l’intermédiaire de la circulaire qui va être transmise aux préfets, les spectacles de la nouvelle tournée de Dieudonné qui commence jeudi à Nantes ? »

Je crois que cette circulaire va donner les moyens juridiques qui permettent l’interdiction de spectacles qui propagent et appellent à la haine, ce qui est un crime. Propager cela, ce n’est pas une liberté d’expression ou une création artistique, c’est une insulte à l’art et au spectacle, tout comme à l’humanité et aux valeurs de la République. Et c’est un crime puni par la loi. Et donc, se donner les moyens de l’interdiction de la propagation de tels appels à la haine, c’est ce qu’a annoncé dans un premier temps Manuel Valls, et qui va être concrétisé par une circulaire qui va être rendue publique dans la journée.

Il faut que l’Etat de droit se donne tous les moyens de droit de faire que la loi soit appliquée, et notamment la loi qui interdit, qui punit, qui sanctionne, ce qui estconsidéré comme un délit et un crime : propager la haine raciale, le négationnisme, qui est un négationnisme de l’humanité même.

« Pensez-vous que Dieudonné est antijuif ? »

Oui, bien entendu. Ce n’est même pas une pensée, c’est un fait. Il suffit d’aller voir un certain nombre de vidéos où c’est assumé. Et Soral, son comparse, lui emboîte le pas, malgré leurs contentieux sur des questions d’intérêt économique – parce que ce sont aussi des petits entrepreneurs de la haine et donc la question de l’argent et de la finance sont dans leurs préoccupations souvent au-devant d’autres considérations. Ce sont, bien sûr, des propos antisémites.

« Quelle peut être la portée de cette circulaire ? Beaucoup de juristes sont sceptiques sur la véritable influence qu’elle pourrait avoir. »

Il y a des débats juridiques sur la nature même des interdictions, leur qualification. Et si une circulaire est rendue publique aujourd’hui, c’est justement pour donner les moyens juridiques de telles interdictions. Et je pense que ce sera le cas. Il y avait, forcément, ce débat de ceux qui doivent traduire en pratique des intentions. La circulaire a justement pour but de donner les moyens juridiques, tous les moyens juridiques, toujours conformément à l’Etat de droit parce que c’est notre principale arme contre ce type d’actions, ce type de propos. C’est toujours l’Etat de droit, la République, la démocratie, nos armes, qui ne sont pas des faiblesses mais des forces.

 « Pour une clarification : est-ce que le mot d’ordre a été donné aux préfets d’interdire les spectacles de Dieudonné? Est-ce qu’il y en aura qui vont être interdits? »

Une circulaire, ça n’est pas un tract, ça n’est pas un mot d’ordre, une affiche ou un slogan, donc il y aura une circulaire qui donne tous les moyens aux préfets d’interdire les spectacles, notamment cette nouvelle tournée qui propage la haine raciste, antisémite, et qui bafoue toutes les valeurs de la République.


David Assouline : le spectacle de Dieudonné… par PartiSocialiste

Il peut être aussi nécessaire de passer par des décrets et ordonnances parce qu’il faut de la concrétisation et de la rapidité

« Le Président de la République a dit que les réformes passeraient pour une grande partie par des décrets et des ordonnances. Cela ne risque-t-il pas de frustrer les parlementaires, autant de la majorité que de l’opposition ? »

Que les choses soient claires, car là aussi ce sont des interprétations de ses propos. Ce qui nécessite la loi pour réformer passe par la loi et le Parlement jouera tout son rôle. On ne peut pas dire que le Parlement a été frustré d’activité parlementaire depuis plus de dix-huit mois. Au contraire, il a été frustré d’en avoir tant qu’il ne pouvait pas, parfois, approfondir et prendre le temps nécessaire pour légiférer.

La bonne loi passe par le fait d’être, bien sûr, utile et par le fait que sa concision, sa précision lui permettent d’être compréhensible et la mieux comprise par l’ensemble de nos concitoyens. C’est très important que la loi garde tout son sens. Et l’égalité pour laquelle nous nous battons, c’est aussi le fait que la loi ait cette qualité. Il faut que l’on ne soit pas obligé d’être bardé de conseillers juridiques pour pouvoir défendre ses droits ou une interprétation de la loi. Il faut qu’un simple citoyen puisse  le faire. Dans ce sens, plus on est précis, plus on prend le temps, plus on est simple, mieux on légifère. Et c’est ça l’idée essentielle qu’a avancé le Président de la République ; c’est cette idée de la simplicité, de la fluidité, pour que l’interprétation des règles qui en découlent soit directement opérationnelle. Dans un moment de crise, c’est fondamental : le monde va beaucoup plus vite qu’avant et il faut donc être dans cette réactivité. Et donc il y a tous les outils : bien entendu il y a la loi, pour asseoir juridiquement des réformes qui changent les règles, mais il y a surtout, quand de tels chantiers ont déjà été posés, la mise en pratique. Et quand la mise en pratique est tardive, compliquée, ça accroît le scepticisme et le décalage qu’il peut y avoir entre la volonté politique affirmée et la concrétisation sur le terrain. Et donc, tout ce qui pourra, sans déroger au rôle du Parlement – et le Parti socialiste y est particulièrement attaché, c’est dans sa culture politique fondamentale – être fait autrement devra être fait, par voie réglementaire ou par simplification des procédures. Ca veut dire aussi la simplification et l’approfondissement de la décentralisation qui doit permettre cette lisibilité.

Je ne pense donc pas que ce qu’a annoncé le Président vient contredire l’idée que le Parlement a toute sa place. Je le dis surtout parce qu’en tant que parlementaire je sais que ce n’est pas la frustration que nous vivons aujourd’hui. Nous vivons au contraire un engorgement, toujours important du processus parlementaire. Le quinquennat a encouragé et amplifié ce phénomène car il est normal qu’un gouvernement qui arrive veuille très vite légiférer, transformer pour mettre en oeuvre sa politique. Et donc cela passe par le Parlement puisque nous sommes dans une démocratie parlementaire. Et très souvent on a plutôt entendu, ou vécu nous-mêmes, cette plainte qui est de demander de prendre le temps, de discuter, d’approfondir, de préciser. Et pour cela, comme les journées n’ont que 24 heures, même en faisant des sessions parlementaires extraordinaires quasiment tout le temps, le temps manque. Donc il faut juger à chaque fois ce qui est nécessaire et possible de passer par des décrets et ordonnances parce qu’il faut de la concrétisation et de la rapidité d’exécution. Parce que l’année 2014 doit être l’année où se concrétise de façon plus ample pour nos concitoyens tout ce qui a été engagé et qui va porter ses fruits.

Le Parti socialiste a fait le choix de la proximité

« Vous parliez de cet enjeux de luter contre l’abstentionnisme, la dernière fois vous m’aviez parlé du porte-à-porte, est-ce que vous avez des remontées? Comment ça se passe concrètement? Qu’est-ce que vous faites pour lutter contre l’abstention? »

Le porte-à-porte, c’est la méthode. Mais il y a un aspect, en plus de ce que je viens de vous dire sur le rôle pédagogique, explicatif, offensif assumé par notre parti de défense de ce qui est engagé par le Président de la République. Il y a, non seulement l’idée de préserver et de défendre notre modèle social, en le modernisant – c’est toujours comme ça qu’on défend un système social, parce que si on le laisse en l’état, avec le temps qui passe, avec les nouveaux enjeux, avec les défis, il se délite par lui-même – mais il y a aussi l’idée de le faire en portant fièrement nos valeurs, celles de la gauche et celles de la République.

Ca va être un enjeu des élections car on voit qu’à travers cette confusion, un certain nombre de scepticismes, de propositions de replis sur soi, c’est le ferment même de nos valeurs qui est attaqué, d’ailleurs le phénomène « Dieudonné » en est une expression, mais sur le plan politique, on sait ce que ça peut donner avec le vote extrémiste, le vote Front national. Et puis la méthode c’est que quand il y a une telle situation, c’est la proximité, l’individualisation du contact, parce que chacun exprime son doute, ses interrogations de façon particulière par rapport à sa situation vécue et par rapport à sa perception du débat public.  Les réponses globales uniquement par le biais médiatique sont largement insuffisantes, c’est cela que l’on ressent sur le terrain. On ressent qu’il y a ce besoin de comprendre, d’être rassuré sur la direction que l’on prend, sur notre attachement à moderniser, dynamiser l’économie mais en préservant ce qui permet encore de vivre ensemble, notre modèle social.

Donc le porte à porte est un outil que nous avons développé à travers la primaire présidentielle, la présidentielle elle-même, et qui aujourd’hui est approprié par nos fédérations dans tout le pays, toutes nos campagnes aujourd’hui ont saisi cette méthode avec dans des villes des dizaines de milliers de portes déjà ouvertes puisque que nous avons engagé ce travail à Toulouse, comme à Paris et Marseille etc. J’ai des exemples concrets qu’on m’a racontés, la méthode de la proximité, c’est la plus efficace justement pour lutter contre cet abstentionnisme politique. Car on voit bien la droite n’est pas perçue comme une alternative, les solutions qu’elle propose sont des propositions pires même qu’un simple retouren arrière, parce que en arrière il y avait quand même depuis la seconde guerre mondiale un modèle social qui été là, quelles que soient les orientations de la droite et de la gauche et des alternances.

Quand j’entends ce matin Charles Beigbeder, ce candidat de droite qui est l’expression vraiment de la droite, qui n’est dans une dissidence que pour des questions d’enjeux de pouvoir et de place à Paris, dire qu’il ne faut surtout pas qu’une inspectrice du travail soit maire de Paris, c’est dire tout haut ce qu’ils se disent dans leur monde, le monde de la droite. Plus du tout de régulation, plus du tout de protection, pas de droit, et bien sûr la loi du plus fort.

« Que doit-on comprendre quand le Président parle de réduire les dépenses ? »

Quand on dit dépenser moins, c’est dépenser moins pour investir plus.

Il ne s’agit pas de réduire les dépenses qui permettent la préservation de notre modèle social et de notre pacte social, pour qu’il y ait des bons services publics de qualité, pour qu’il y ait une bonne protection sociale, un système de santé et une éducation à la hauteur. Les manifestations concrètes sont là, par exemple les moyens qui l’on met pour l’école et qui se confirment à chaque budget. Donc ce n’est pas cette réduction là mais plutôt chercher partout où ce n’est pas utile, où c’est redondant, où c’est gaspillé. Et puis aussi la transition énergétique qui permet de dépenser moins, ça n’est peut-être pas suffisamment compris quand on parle de transition énergétique, car c’est aussi alléger ce poids de la dépense énergétique qui pèse beaucoup dans les dépenses de l’Etat et des entreprises. Oui, il faut permettre l’investissement et pour cela il faut dégager des marges de manœuvre en réduisant les dépenses, mais seulement pour ça, pas pour augmenter des profits de ceux qui en font déjà beaucoup au CAC 40. Cela fait longtemps que le Parti socialiste affirme la nécessité de défendre l’entreprise, en particulier les petites et moyennes entreprises, qui créent 80% de l’emploi dans notre pays, et quand on défend l’entreprise, au sens collectif du terme, on défend notre économie et ceux qui y travaillent.


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