Par Catherine Rougerie (Envoyée spéciale de France 2, La Rochelle)

M Sapin, secrétaire national (SN) à l'économie, A Montebourg SN à la rénovation et D Assouline, SN à la communication

AFP - Xavier Leoty

Hormis DSK, tous les ténors du PS ont participé à l’université du parti pour débattre des grands sujets d’actualité.

Sénateur de Paris depuis le 26 septembre 2004, David Assouline est aussi secrétaire national à la communication et à la mobilisation au sein du PS.

Après le 21 avril 2002, il  fut l’un des co-fondateur et co-rédacteur de la motion « Pour un Nouveau Parti Socialiste » aux côtés d’Arnaud Monebourg, Benoît Hamon et Vincent Peillon.

Nous l’avons rencontré à La Rochelle à l’issue de la plénière: « La question sociale, au coeur de notre projet » à laquelle participait justement le docteur en philosophie et député européen, Vincent Peillon.

Vous venez d’assister au débat autour de la question sociale. Qu’en retenez-vous ?

D.A. Ce qui m’a beaucoup plus, c’est la manière dont Vincent Peillon a abordé toutes les facettes absolument nécessaires pour traiter ce sujet, c’est-à-dire la question sociale en France ainsi que le lien avec l’Europe et la mondialisation. C’est central parce que très souvent, on nous oppose une sorte de mondialisation ou d’Europe qui nous échapperait pour justifier des contraintes et des régressions en France.

Et puis, le lien à la question démocratique. Faire comprendre que moins il y a d’espace publique pour que les citoyens s’emparent, pour que le Parlement s’empare des questions, moins il y a de délibération dans un pays, plus c’est une facilité pour ceux qui ont le pouvoir économique, et pour les plus puissants, d’imposer leur point de vue.

Enfin conformément à ce que je sais qu’il pense profondément, mais qui est aussi une tradition française de la gauche un peu laissée de côté, l’idée que tout cela doit s’arrimer sur un peuple qui a le droit à l’éducation, sur un pacte autour de l’école. Dans une France qui a tout le temps vécu des injustices et des inégalités, c’était là que se nouait la promesse d’égalité, c’est-à-dire qu’on pouvait naître de famille ouvrière, de famille pauvre mais avoir, avec l’école, cette chance d’ascenseur social. Aujourd’hui, ça ne fonctionne plus.

Ce que j’ai apprécié dans son intervention, c’est cette capacité de synthèse. C’est cela qui donne de la perspective politique.

Vincent Peillon défend une approche européenne. Vous partagez son analyse ?

D.A. Les Français savent bien que les contraintes viennent d’ailleurs. Mais ce qui est distillé tous les jours, c’est que l’Europe n’est que contrainte, que malheur, que régression dans notre pays.

Si l’on veut sauver l’idée européenne, il faut absolument que cela soit autre chose. Il faut donc s’emparer de ce sujet, porter la parole de la France centralement sur cette question. Or Nicolas Sarkozy ne l’a pas fait.

Où en est le projet socialiste ?
D.A. Il est en processus de relance politique, de « recrédibilisation » politique après des moments difficiles. La défaite ne produit jamais, tout de suite, beaucoup de positif. Après avoir subi le coup de la défaite en 2007, il y a eu beaucoup une introversion, beaucoup de divisions internes, beaucoup d’énergie dépensée à des enjeux de pouvoir interne…

Dans cette université, on sent que chaque élu, chaque militant a toute son énergie, son attention, sa tête à s’opposer au gouvernement et à la droite

Tout monde s’est rendu compte qu’il y a peut-être des différences entre nous. Mais le fossé qui nous sépare de cette droite qui flirte avec l’anti républicanisme est tel que franchement, ça vaut le coup d’être ensemble, de travailler ensemble de faire en sorte que cette année soit l’année où les français ne se disent pas seulement, ‘Sarkozy, c’est pas bien’ mais les socialistes peuvent gouverner la France sérieusement demain.

Le PS est-il « en retard » sur certains sujets comme on le lui reproche souvent ?

D.A. Il n’y a plus tellement de retard de réflexion. Il y a maintenant à trancher sur des grandes propositions parce qu’en cinq ans, on ne fait pas tout. On voit maintenant quel type de projet de société nous voulons construire et nous devons préciser quelles seront nos grandes réformes, nos grandes mesures dans les cinq ans qui viennent.

Dans ce qu’a dit Vincent Peillon, on voit qu’il faut un nouveau pacte sur l’école, une offensive sur la fiscalité – il faut réformer la fiscalité parce que c’est l’outil de redistribution et je crois qu’il faut retraiter la question européenne de façon centrale.

Voilà trois thèmes où l’on doit dire des choses très fortes. Bien sûr qu’il y en a d’autres parce que pour chaque Français qui subit telle ou telle injustice, la question qu’il vit est essentielle. Mais autour de ces trois thèmes, on rebat les cartes, on relance la France.

Quel est votre candidat ?

D.A Celui ou celle qui sera vraiment en situation de nous faire gagner et de gouverner, d’offrir et d’incarner une alternative sérieuse à la droite. Je sais qu’il y en a quelques-uns aujourd’hui qui peuvent être dans cette situation.

A qui pensez-vous ?

D.A. Personne n’est rédhibitoire pour moi dans les candidatures sérieuses, parce qu’il y en a qui jouent trop avec ça, qui sont plutôt candidats à être ministre, qui pensent qu’il faut aller à la primaire, bon, je souris seulement. Mais que ce soit Dominique, Martine etc. on verra…

L’essentiel c’est que cela soit décidé démocratiquement, pas dans la division et qu’après, tout le monde soit rassemblé. On a des candidats potentiels aujourd’hui qui sont capables de gagner et qui ont l’expérience pour gouverner la France.