dans France Soir le 14/06/10 par Gaëtane Morin

Le rapprochement entre Martine Aubry et Ségolène Royal fait bouger les lignes. Plusieurs soutiens de la présidente de Poitou-Charentes se rapprochent de la maire de Lille.

Ce n’est pas seulement un hommage. Lorsque Patrick Mennucci monte à la tribune de la Mutualité à Paris, mardi dernier, pour « dire merci » à Martine Aubry lors du conseil national du PS sur les primaires et la rénovation du parti, on comprend que le vent a, en réalité, tourné. Jusqu’alors pourfendeur de la première secrétaire après avoir été le directeur adjoint de la campagne présidentielle de Ségolène Royal en 2007 et l’un de ses principaux soutiens au congrès de Reims en 2008, Mennucci a enterré la hache de guerre. « Cette bataille de la rénovation a été remportée ce soir (mardi), estime-t-il devant les cadres du parti. Je le dis avec sincérité parce que je n’ai pas voté pour elle au Congrès, c’est grâce surtout à la détermination et au courage politique de Martine Aubry. »

Au premier rang, la maire de Lille apprécie. Ses proches, eux, ne boudent pas leur plaisir. Ainsi le député de la Nièvre Christian Paul : « C’est une grande victoire politique. A chaque étape, elle consolide sa position. Il y a aujourd’hui un souffle, une dynamique autour d’elle. » La patronne du PS travaille, fédère, convainc. L’heure n’est plus au rassemblement des forces, mais plutôt à la séduction. Le sénateur David Assouline, dans le giron « royaliste » depuis 2006, s’en est peu à peu détaché pour rejoindre les rangs « aubrystes ». Il a ainsi grandement participé au Tour de France du projet lancé par le PS l’automne dernier.

La carte Lebranchu

Facilité par le dégel des relations entre la première secrétaire du PS et l’ex-candidate à la présidentielle, le rapprochement entre Aubry et les élus royalistes s’est amplifié ces dernières semaines. Le président du conseil régional des Pays de la Loire, Jacques Auxiette, fait partie des convertis. Même si, dans son entourage, on tempère : « Il est encore dans un rôle d’observateur. Il constate, comme tout le monde, qu’Aubry travaille. Il a fait un très bon meeting avec elle à Nantes lors de la campagne régionale, et il a trouvé ça sympa. » Sous-entendu : il n’est pas encore temps d’ouvrir la bataille des primaires et de se déterminer pour une candidate qui laisse planer le doute sur ses intentions présidentielles.

En tout cas, sans révéler ses intentions pour 2012, Aubry cherche bien à élargir ces temps-ci le cercle de ses fidèles. En, la personne de Marylise Lebranchu, elle a propulsé une amie (et ex-garde des Sceaux) à la tête de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), forte de 60.000 membres. Mais avec une mission précise : tête de pont d’un réseau puissant, la députée du Finistère doit accroître l’audience de sa patronne sur le terrain et, de fait, elle a déjà aidé au ralliement de Françoise-Olivier Coupeau, députée du Morbihan proche de Bertrand Delanoé, qui a rencontré Aubry la semaine dernière. Une évidence : la maire de Lille tisse sa toile.