La présidence aurait violé le secret des sources dans l’affaire Woerth, selon Le Monde.

Le Monde accuse l’Elysée d’avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier la source d’un de ses journalistes travaillant sur l’affaire Bettencourt-Woerth;

Mots. « Woerthgate », « Sarkogate », « Affaire d’Etat » :
la gauche a tiré à boulets rouges, hier, sur l’Elysée. Déclaration. Le sénateur PS David Assouline a estimé que « la liberté de la presse est la prunelle des yeux de la République ».

«L’Elysée dément totalement les accusations du Monde et la présidence de la République précise qu’elle n’a jamais donné la moindre instruction à quelque service que ce soit », a indiqué la présidence de la République dans une courte déclaration.

« Affaire Woerth : l’Elysée a violé la loi sur le secret des sources des journalistes », titre le quotidien, soulignant que «  Le Monde va déposer plainte contre X ».

A l’origine, un article de Gérard Davet en première page du quotidien mi-juillet : « Le principal collaborateur de Liliane Bettencourt met Eric Woerth en difficulté ». L’article évoquait notamment les conditions d’embauche de l’épouse d’Eric Woerth par le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre.

Selon Le Monde, il a alors été demandé aux services du contre-espionnage de « mettre fin aux fuites qui avaient abouti à la publication de ces informations ». La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), chargée de l’enquête, « a assuré au Monde avoir agi dans le cadre de sa +mission de protection des intérêts de l’Etat+ ».

Sur la base de relevés téléphoniques, la source a été identifiée : David Sénat, conseiller pénal au cabinet de la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Il a été appelé à quitter ses fonctions. Mais la Chancellerie a démenti tout lien entre ce départ et les révélations sur l’affaire Woerth.

Selon Sylvie Kaufmann, directrice de la rédaction qui signe l’article, l’Elysée a eu recours « à des procédés qui enfreignent directement la loi sur la protection du secret des sources des journalistes ».

« Les services de la DCRI, c’est-à-dire du contre-espionnage français, ont été mis à contribution hors procédure judiciaire, une quinzaine de jours avant qu’une enquête préliminaire ne soit ordonnée par le parquet de Paris, le 4 août », poursuit Mme Kaufmann.

Dans un éditorial non signé en Une, le journal affirme qu’il va déposer une plainte auprès du parquet.

« Cette plainte est encore en cours de rédaction, elle sera déposée à Paris dans les prochains jours», a indiqué l’avocate en charge de ce dossier, M e Catherine Cohen-Richelet.

Selon l’avocate, « les investigations menées l’ont été dans le cadre d’une enquête administrative, et non judiciaire, et à notre sens c’est illégal ».

La société des rédacteurs du Monde (SRM) s’est indignée dans un communiqué « des méthodes utilisées par l’Etat pour tenter d’identifier les sources d’information du journal » et soutient le dépôt de plainte de la direction.

Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) propose au Monde de se porter à ses côtés dans la plainte contre X, a annoncé de son côté le syndicat.

L’UMP n’a pas souhaité commenter, hier, les affirmations du Monde, mais a rappelé « qu’il y a déjà une plainte pour viol du secret de l’enquête ».