Quoi de commun entre le juriste Olivier Beaud et la mathématicienne Michèle Weindenfeld, le politologue Laurent Bouvet et le physicien Pierre Encrenaz, les sociologues François Dubet et Yves Lichtenberger, les philosophes Marcel Gauchet et Philippe Raynaud, et une vingtaine d’autres « enseignants-chercheurs », parmi lesquels Olivier Duhamel et François Dubet, tous connus et reconnus pour leurs travaux ?

Les « 29 », comme l’on peut désormais les dénommer, viennent de publier un texte[1][1] très argumenté sous forme d’appel à une « refondation de l’université ».

Dans le contexte actuel, ce document est plus que précieux en ce qu’il démontre, si besoin était, que le président de la République et sa majorité n’ont rien compris à la situation de notre système d’enseignement supérieur et de recherche et aux causes de « l’agonie » de nos universités que diagnostiquent les signataires.

En effet, nos universitaires estiment que le véritable mal qui frappe nos universités tient à leur place dans notre système général d’enseignement, dont elles constituent, situation unique au monde, « le maillon faible ».

C’est pourquoi cet appel ose affirmer qu’il faut « replacer [l’Université française] au centre de l’enseignement supérieur », en formulant des propositions qui pourront paraître audacieuses – de la mise sous tutelle des établissements privés jusqu’à la création d’un grand service public du premier cycle intégrant licences, classes préparatoires et cycles courts en passant par l’organisation d’une sélection « selon des modalités diverses » et par « l’amélioration substantielle de la condition étudiante ».

Les chantiers ne manquent donc pas, et leur énumération argumentée prouve que la communauté universitaire n’est ni repliée sur elle-même, ni réfractaire à la « modernité » et qu’une réforme profonde et novatrice de notre enseignement supérieur est possible, à condition d’en faire partager les enjeux, les objectifs et les orientations aux principaux acteurs du système, à savoir les enseignants-chercheurs

Ainsi, ces propositions devraient-elles, comme le suggère d’ailleurs le texte, « servir de point de départ à une véritable négociation, et non à des simulacres de concertation, et être à la base d’une auto-organisation d’Etats-généraux de l’Université ».

Au même moment, l’Elysée publiait le communiqué suivant :

Rencontre entre le Président de la République et les présidents des universités

Publié le 14-05-09 à 15:55
Le Président de la République a reçu cet après-midi au Palais de l’Elysée les présidents des universités ayant choisi de passer à l’autonomie dès le 1er janvier 2009. Il s’est longuement entretenu avec eux des conditions dans lesquelles s’est effectué ce passage à l’autonomie, prévu par la loi sur les libertés et responsabilités universitaires. Le Président de la République a réaffirmé son soutien aux universités engagées dans l’autonomie. Il s’est déclaré prêt à examiner comment réduire les difficultés qu’elles pourraient rencontrer.

Les présidents des universités autonomes ont exprimé leur volonté d’utiliser toutes les ressources que leur offrait la loi LRU. Ils ont également affirmé la nécessité de leur faire confiance dans la mise en œuvre de l’autonomie de leurs établissements.

C’est la première fois dans l’histoire des universités françaises que des universités obtiennent la maîtrise de leur budget et une grande liberté dans le recrutement et la gestion des carrières de leurs personnels. Elles pourront obtenir également, dans un second temps, la propriété de leur patrimoine.

La loi LRU prévoit que toutes les universités françaises seront devenues autonomes en 2012.

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