Le président de la République a convoqué députés et sénateurs au château de Versailles ce lundi 22 juin 2009 pour, comme la Constitution l’y autorise depuis la révision de juillet 2008, « prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en Congrès ». Cette déclaration, par laquelle Sarkozy devrait dévoiler les « nouveaux horizons » de sa politique selon Le Figaro, donnera lieu à débat « hors la présence » du principal intéressé.

Ce scénario, écrit pour mettre en valeur la toute-puissance présidentielle dans le cadre prestigieux – et politiquement symbolique – du palais des Bourbons, a tout d’une mascarade : comment, à l’instar de certains « godillots » de l’UMP, peut-on présenter ce moment comme une avancée démocratique alors que celui qui en sera le principal acteur, seul responsable de la politique actuellement conduite, n’assistera même pas à la discussion de son intervention, laissant le Premier ministre, seul susceptible d’être mis en cause par la Représentation nationale, démuni face aux parlementaires ?

Comme le dénonçaient les socialistes lors de l’examen, il y a tout juste un an, de la réforme constitutionnelle voulue par le chef de l’Etat, la nouvelle pratique et la nouvelle lettre de la Constitution de la 5e République accroissent la concentration des pouvoirs dans les mains de l’hôte de l’Elysée sans résoudre la confusion entre l’affirmation de la suprématie présidentielle sur les institutions et les restes de mécanismes parlementaires tombant peu à peu en désuétude.

Dans ce contexte, les socialistes ont adopté l’attitude qui s’imposait : prouver leur respect de la légalité républicaine en assistant, silencieux, à l’intervention de Sarkozy, mais montrer leur désapprobation d’une procédure si peu démocratique en ne participant pas à la mascarade de débat qui suivra.