Discours de David Assouline lors de la Convention nationale du 3 juillet 2010 au Carousel du Louvre

O.Ferrand, M.Aubry et D.Assouline

O.Ferrand, M.Aubry et D.Assouline

La 1ère secrétaire m’a chargé de conduire une réflexion et de faire des propositions pour rénover nos pratiques et formes de militance. Par cette intervention je veux lancer ce chantier en vous proposant un état d’esprit, une méthode, et des premiers objectifs.

Cette Convention est l’aboutissement de décisions qui vont donner un coup d’accélérateur au grand chantier de la rénovation du Parti Socialiste. Elle n’est pas un point d’arrivée, elle est un point de départ, essentiel certes, puisque sans ses décisions concrètes, sans ce tournant audacieux voulu par les militants le 1er octobre à l’initiative de Martine Aubry, concrétisé par leurs votes le 24 juin, rien ne serait possible.

Cette convention permet, en fait, de débloquer ce qui était enlisé, contenu, frustré, depuis déjà de nombreuses années.

Maintenant libérons notre créativité !

Faire du Parti Socialiste, une force politique en mouvement, ouverte aux citoyens et à la société, qui n’a pas d’intérêts distincts de ceux et celles que nous défendons dans leurs aspirations à une société démocratique, plus juste et solidaire, et qui donc leurs ouvre les portes pas seulement pour qu’ils partagent nos combats et notre organisation mais pour qu’ils nous fassent partager leurs engagements et leurs façon de les porter.

Le signal fort de cette confiance c’est la Primaire ouverte, mais il ne faudrait pas que l’on ait décidé d’externaliser le choix de notre candidat à la présidentielle, pour mieux assumer un parti qui lui serait refermé sur lui-même. Au contraire, notre Parti doit absolument prendre le cap de sa rénovation en profondeur, pour progressivement tourner la page de ce qui reste une anomalie : briguer des millions de suffrages et fonctionner au mieux avec 200 000 adhérents dont une centaine de milliers d’actifs.

Le nouveau Parti Socialiste ne peut qu’être un Parti de masse, populaire, rajeuni, constitué de la diversité sociale et d’origine de notre peuple, porteur de toutes les formes d’engagements et de militances qui oeuvrent pour la justice sociale, l’écologie et la démocratie, dans les quartiers, dans les campagnes, dans les entreprises (on l’a souvent négligé ces dernières années) et les lieux d’étude. En ce sens il ne peut qu’être un parti moderne, ancré dans son époque bien sûr, mais d’abord dans son peuple, avec ses valeurs du socialisme mais sans cesse revivifiées au contact brûlant de l’actualité, des nouveaux enjeux et des nouveaux rapports sociaux.

Ce n’est pas que de la forme, car en politique la forme c’est le fond : nous ne pouvons pas exprimer et porter les aspirations de celles et ceux qui nous vivraient comme un corps étranger ou extérieurs à ce qu’ils sont et veulent.

Il ne suffit plus de le dire, ni même imaginer que la direction pourrait parachuter des « mesures » capables à elles seules de concrétiser cette ambition, parce qu’il s’agit d’inventer au sens plein du terme.

Inventer, nous ne pouvons que le faire ensemble, et cette fois-ci en commençant par faire émerger et remonter de toute la profondeur de notre parti, de nos sections, de nos militants et de leurs liens avec le mouvement social et sociétal, les expériences et les propositions pour changer notre façon de militer, de porter nos combats et de faire vivre notre collectivité.

Inventer, comme en sciences, c’est s’appuyer sur l’expérience et l’expérimentation, qui devra venir non seulement de chacun et de chacune mais aussi d’autres pays, en particulier européens.

Je piloterais un groupe constitué des différentes sensibilités et parcours de notre mouvement, qui se réunira et auditionnera toutes celles et ceux qui à l’intérieur ou à l’extérieur de notre parti veulent ou peuvent nous apporter un regard et/ou des propositions utiles.

Mais surtout, aujourd’hui et jusqu’à mi-décembre, est donné le coup d’envoi d’un grand « brain storming », dans toutes nos sections et fédérations, avec en point d’orgue 26 inventaires régionaux des idées et propositions concrètes pour changer nos pratiques militantes, pouvant nécessiter pour certaines d’entres-elles pour leurs mises en œuvre des modifications organisationnelles de notre fonctionnement.

Il s’agit de répondre à des questions simples.

Comment faire, d’abord pour que nos adhérents aient envie de rester dans notre parti ? Car si nous gardions nos adhérents, probablement nous serions déjà autour des 500 000 membres.

Comment faire aussi, mais c’est la même chose, pour attirer et garder celles et ceux qui partagent nos valeurs mais ne trouvent pas en notre sein ni la valorisation de leurs engagements, de leurs compétences, de leurs savoirs, ni même de leurs expériences reconnues souvent ailleurs, dans leur métier, leur association ou syndicat. Nous sommes un parti d’élus et souvent un parti d’aspirants à être élus, c’est bien, cela prouve que nous avons la capacité à obtenir le suffrage de nos concitoyens, mais il y a toutes celles et ceux qui ne souhaitent pas devenir élu, ou qui ne veulent pas réduire leur militantisme aux seules campagnes électorales, et qui ont tant à dire et à faire avec nous pour changer la société. Ils sont nombreux et doivent pouvoir être aussi à l’aise dans notre organisation que tous les autres.

Alors comment faire pour qu’ils soient valorisés, et qu’ils apportent aux autres ; jeunes ou seniors déjà peu écoutés ailleurs ; détenteurs d’un savoir ou d’un savoir faire ; militants syndicaux ou associatifs qui veulent prolonger politiquement leurs engagements et non pas changer d’engagements et de pratiques. Sans oublier, d’abord, que nous ne pouvons prétendre être un parti populaire, si nous ne faisons pas une place réelle, concrète, à celles et ceux qui, issus de milieux populaires, consacrent l’essentiel de leur temps et de leurs préoccupations à la satisfaction des besoins vitaux quotidiens de leurs familles. Ils ne peuvent militer ni avec le même activisme ni de la même manière que ce que nous leur proposons le plus souvent.

C’est donc vous militants qui allaient le dire, et proposer des formes d’organisation, de débat, de délibération, de communication, et d’actions, pour faire de notre famille politique une force en mouvement, attractive et efficace.

Dans chaque section, engagez-vous dans ce grand moment d’intelligence collective, par des réunions mais aussi sur le net (et avec la coopol) : sans filtre ni rabot, faites remonter à votre fédération mais aussi au site national dédié vos idées, propositions ou bonnes pratiques déjà en œuvre.

Voilà déjà quelques questions auxquelles il convient de répondre sans tabou, mais il y en a d’autres. A vous d’y répondre et de poser celles qui vous semblent nécessaires.

Quelles conditions d’adhésions (montant de la cotisation, accueil, formation etc …) ?

Quels types et tailles de section (territoires, entreprise, thématique) ?

Par exemple je pense que nous pouvons créer des sections d’éducation populaire (chorale, activités sportives ou culturelles, université populaire), ou d’actions sociales et citoyennes (aides aux devoirs, alphabétisation, etc…).

Quels types de fonctionnement des sections (AG, groupes affinitaires et /ou fonctionnels, activités extra politiques ) ?

Quels échelons de coordinations locales (villes, agglomérations, département, régions, avec quel rôle et compétence), et quelle place aux liens horizontaux entre tous les militants ?

Quelles formes de communications entre les directions et les adhérents, et des adhérents entre eux ?

Quelles formes de solidarité, de convivialité et de fraternité, dans nos rapports et nos initiatives ?

A vos stylos, à vos claviers,  à vos prises de paroles, à vos sons et images, pour faire partager à toutes et tous le nouveau Parti Socialiste que vous aimez. Dans nos processus de délibération vous êtes toujours, in fine, le décideur qui vote, c’est essentiel pour un parti démocratique.

Là, ce que je vous propose c’est que cette fois-ci vous soyez au début et à la fin : essayons cela ensemble.

Le 3 juillet 2010