Le PS préfère cacher sa joie

Meeting-du-PS-Jean-Paul-Huchon 12 mars 2010

vendredi 12 mars par Caroline Vigoureux – leJDD.fr

Les socialistes ont préféré la jouer modeste jeudi soir à Paris, lors d’un meeting de soutien à la candidature de Jean-Paul Huchon en Ile-de-France. Pourtant, trois jours avant le premier tour des régionales, l’ambition ne manque pas et le PS espère un score élevé, au-delà de la victoire.

Jeudi soir, les socialistes s’étaient réunis pour soutenir Jean-Paul Huchon. (Maxppp)

Jeudi soir, le cirque d’hiver de Paris s’est transformé en salle de meeting socialiste. Dans les tribunes, 1.600 militants sont là, drapeaux rouges à la main, pour soutenir la candidature de Jean-Paul Huchon, président sortant en Ile-de-France. Mais la tête de liste se fait attendre, alors que la salle ne se lasse pas de scander« Huchon président ». Aux premiers rangs, les ténors socialistes de la gauche francilienne dont Patrick Bloche (maire du 11e arrondissement), David Assouline (sénateur de Paris), Anne Hidalgo (tête de liste à Paris) ou encore Manuel Valls (député maire d’Evry). Mais surtout, en grand renfort, la première secrétaire du PS Martine Aubry venue soutenir son candidat, trois jours avant le premier tour des régionales.

Premier à prendre la parole, Bertrand Delanoë. Le message est clair: si la gauche devance la droite dans tous les sondages, rien n’est encore gagné. « Ce qui se joue dimanche est grave », lance le maire de Paris. « Nous ne sommes pas là seulement pour nous faire plaisir. Nous avons deux jours et demi », insiste-t-il, comme un appel à la mobilisation alors que les sondages annoncent une abstention de plus en plus élevée. « Passons une bonne soirée aujourd’hui mais jusqu’à dimanche soir 20h, pas une voix ne doit manquer. Bossons! Bossons! », martèle encore le maire de la capitale.

Quelques minutes plus tard, le très attendu Jean-Paul Huchon a droit à une standing ovation, après la diffusion d’un clip, « Le Huchon tour 2010 », où l’on peut voir le candidat sillonner 62 villes de la région. Mais là encore, si tous les signes sont positifs, le président sortant ne préfère pas crier victoire: « Il faut lancer un signal fort au gouvernement et aller chercher les voix une par une », estime-t-il.« Ce soir, les socialistes et leurs alliés [MRC, le PRG et le MUP de Robert Hue] sont rassemblés, et la victoire, Martine, est peut être à portée de main », espère-t-il. Au passage, Jean-Paul Huchon n’oublie pas de lancer quelques piques à Valérie Pécresse, son adversaire UMP dans la région. « Son programme est au service de la politique de Nicolas Sarkozy », analyse-t-il. « Elle ne fait que citer Nicolas Sarkozy, elle ne parle que de lui« , lâche-t-il avant de promettre que « le PS est de retour », sous des airs d’Obama: « Oui, nous le pouvons! ».

Ali Soumaré « flatté »

Mais Jean-Paul Huchon n’était pas la seule star de ce meeting. En témoignent les acclamations du public lorsqu’Ali Soumaré fait son entrée dans la salle: « Ali, Ali, Ali, «  hurlent les militants. Et même au pupitre, chaque ténor socialiste vient défendre le jeune candidat dans le Val d’Oise, qui avait été la cible d’attaques de la part de l’UMP. C’est même le seul à qui Martine Aubry offre une bise avant de prendre la parole. « On est fier de t’avoir avec nous », lui lance la socialiste, droit dans les yeux, après avoir dénoncé la « campagne scandaleuse » du parti majoritaire à ce sujet. « Pourquoi une telle violence à l’égard des socialistes? », s’interroge de son côté Bertrand Delanoë. « On nous traite de ‘délinquant multirécidiviste, de corps français pas assez traditionnels’« , rappelle le maire de Paris, en référence aux propos de Gérard Longuet sur Malek Boutih et la présidence de la Halde« S’ils nous portent des coups si durs, si dégradants, c’est parce que nous sommes le meilleur rempart à la politique de destruction sociale menée par la droite », assure encore le maire de Paris. Jean-Paul Huchon prend lui aussi la défense d' »Ali » et dénonce « une manipulation sordide peut-être menée avec certains services de l’Etat. On a voulu briser le symbole de cette jeunesse qui est l’avenir et la réussite de cette région ». Quelques minutes plus tard, Ali Soumaré confie au JDD.fr être « flatté de ces messages chaleureux », auxquels il « ne [s]’attendait pas »« Cette polémique me conforte dans l’idée qu’il y a des choses à faire. Les jeunes sont souvent victimes de clichés et n’ont pas droit de cité. Moi j’ai la chance d’avoir les médias autour de moi », explique le jeune candidat.

« Obtenir un score extrêmement élevé »

Plus que l’UMP en Ile-de-France, ce soir là, c’est surtout contre Nicolas Sarkozy que les attaques se dirigent. « Nous n’avons pas besoin de parler du bilan de Sarkozy, les Français le vivent », tacle Martine Aubry. Ce qui n’empêche la première secrétaire du PS de se lancer dans une tirade contre le chef d’Etat: « Les discours de trois jours ne remplaceront pas les promesses de trois ans qui n’ont pas été tenues », s’agace-t-elle. Et d’estimer que c’est « le président de la République qui mène la campagne » de l’UMP. D’autant que Nicolas Sarkozy a reçu il y a quelques jours à l’Elysée Valérie Pécresse et les têtes de liste dans la région.

Quoi qu’il en soit, Martine Aubry ne renonce à rien. La simple victoire ne semblerait pas lui suffire: « Il faut que la gauche gagne les élections et que le PS obtienne un score extrêmement élevé »,ambitionne-t-elle. « Notre score doit être au plus haut pour entrainer le rassemblement de la gauche. Nous devons être rassembleur autant qu’il le faudra », martèle la première secrétaire. Mais en attendant, Europe Ecologie a préféré ne pas se rallier aux listes du PS dès le premier tour. Durant plus de deux heures de meeting, pas un mot sur le parti écologique, qui avait imposé une sévère défaite au PS lors des dernières européennes. Et pourtant le souvenir des amis de Daniel Cohn-Bendit ne semble pas si lointain. D’autant que la veille au soir, le parti tenait son meeting de campagne, au même endroit.