Dans le JDD le 6 Décembre 2010

Après plusieurs jours de silence, Martine Aubry a remis le PS sur les rails, dans une longue interview au Journal du Dimanche. L’initiative de la patronne du PS semble unanimement appréciée rue de Solferino. Plusieurs membres du parti s’en expliquent au JDD.fr.

Ils sont trois à avoir officialisé leurs candidatures pour les primaires socialistes. Après Manuel Valls et Arnaud Montebourg, Ségolène Royal avait mis fin au suspense sur ses intentions présidentielles. Depuis cette date, Martine Aubry avait observé un mutisme, dont elle est finalement sortie dimanche, dans les colonnes du JDD . Mais rue de Solferino, on rejette l’idée d’une quelconque absence: « Elle n’est pas sortie de son silence, elle n’avait pas de raison d’intervenir », assure son bras droit, François Lamy, même s’il confie « ne pas être très objectif », tant il est proche d’elle. « Je n’ai pas été traumatisé par le silence de Martine Aubry », ironise aussi Pierre Moscovici, fidèle soutien de Dominique Strauss-Kahn. « Je trouve ça bien de ne pas surréagir à l’annonce de chaque candidature. Pour l’heure, le PS a besoin de sérénité », plaide le député du Doubs.

En bref, ce que voulait Martine Aubry, c’était remettre le PS sur les rails. Et l’initiative de la première secrétaire semble être appréciée par tous. « On approche de la fin de l’année. Elle donne sa feuille de route pour les mois à venir, ce qui est normal pour la patronne du PS », confirme François Lamy. « Je trouve ça très bien qu’elle affirme qu’il y ait une parole commune qui subsiste jusqu’aux primaires », pense aussi David Assouline. « Il ne faut plus que ça s’arrête jusqu’à la victoire », ambitionne même le sénateur de Paris.

«  Il fallait remettre les choses à leur place »

Exit donc les dissensions au sein du parti. Sur la fameuse question du calendrier – qui a divisé les candidats potentiels et déclarés du parti – Martine Aubry s’est montrée sans concession. « Le calendrier a été fixé: en juin les candidats, à l’automne le vote », a-t-elle répété. Une manière d’opposer une fin de non-recevoir à ceux qui s’impatientaient. « On ne peut pas avoir toutes les semaines le même débat. Il fallait remettre les choses à leur place », reconnaît David Assouline. De quoi aussi combler les proches de DSK. « Je partage son sentiment. Le calendrier est le bon, il n’y a aucune raison de le changer », réaffirme Pierre Moscovici, qui envisage de se présenter si l’homme de Washington ne se lançait pas dans la course à l’Elysée.

Une fois de plus, le PS entend prouver que l’heure est au rassemblement. « Cette question pouvait commencer à exaspérer ceux qui en attendent de nous », estime David Assouline. Et d’évoquer « le traumatisme du Congrès de Reims », durant lequel les partisans de Ségolène Royal et Martine Aubry s’étaient déchirés. Cette fois, pas question de laisser les querelles de personnes pendre le pas sur le fond. « Ségolène Royal avait le droit de se déclarer candidate », insiste François Lamy, proche d’Aubry, alors que la candidature inattendue de la socialiste avait semblé secouer le parti. « Le cadre doit être collectif. La compétition est humaine », minimise Pierre Moscovici.

Mais pour l’heure, rien n’est joué. Les derniers « poids lourds » de la rue de Solferino ne se prononceront pas avant juin, date du dépôt des candidatures. « Si Martine Aubry annonçait aujourd’hui sa candidature, que resterait-il de la parole commune? » questionne David Assouline. Et la problématique est là même pour Dominique Strauss-Kahn, qui occupe son poste de patron du FMI jusqu’en 2012. « Si l’un deux déclarait sa candidature maintenant, ça serait renier pendant plusieurs mois une tâche à laquelle ils sont pour l’heure consacrés ». Reste donc encore six mois de suspense.