En ma qualité de président du groupe d’amitié France Japon du sénat, voici ma tribune parue dans le dernier numéro de « La lettre diplomatique »:

Le Groupe d’amitié sénatorial France Japon, que je préside depuis 2009 s’attache depuis près de trente ans à développer les relations entre la France et le Japon, permettant notamment d’établir des contacts fructueux avec les parlementaires japonais. Ces liens amicaux ont été renforcés à la suite de la terrible catastrophe de Fukushima, le Sénat ayant aussitôt manifesté sa solidarité en rendant un hommage solennel aux victimes en séance publique, en présence de l’Ambassadeur du Japon en France.
Le Bureau du Sénat a assigné de nouvelles missions aux groupes d’amitié : outre l’établissement de relations politiques, il s’agit désormais de promouvoir le bicamérisme dans le monde, de contribuer au développement de la coopération décentralisée et de faciliter l’action des entreprises françaises sur les marchés extérieurs. Le Groupe France-Japon s’inscrit dans cette dynamique et constitue ainsi une structure permanente de réflexion sur tous les sujets intéressant les relations politiques, économiques, commerciales et culturelles entre nos deux pays.

Le développement de la coopération interparlementaire
En septembre 2010, une délégation du Groupe d’amitié a effectué un déplacement dans l’archipel nippon, à l’invitation de la Chambre des Conseillers où elle a reçu un accueil exceptionnel. Elle a séjourné  à Tokyo et Kyoto, puis s’est rendue à Nagasaki où elle a visité le Musée de la bombe atomique et s’est recueillie au cours d’une cérémonie très émouvante au mémorial de la Paix où elle a déposé une gerbe à la mémoire des victimes.
Cette mission avait également pour thème la révolution numérique et ses conséquences pour le secteur culturel. Les entretiens ont donné lieu à un rapport d’information  apportant d’intéressants éclairages sur les secteurs du livre, des médias, de l’industrie des contenus et de la robotique (n°GA 102, octobre 2011).
Le Groupe d’amitié a accueilli en France une délégation du Groupe Japon-France de la Chambre des Conseillers en 1996, puis en 2002. Malheureusement, et malgré nos invitations répétées, nos homologues japonais du Groupe d’amitié n’ont pas encore pu venir en France en raison des nombreux changements de majorité et des crises ministérielles survenues au Japon depuis plusieurs années. Je profite de cette tribune pour redire à nos collègues japonais combien nous serions heureux de les accueillir à notre tour officiellement dans notre pays.
Au-delà du Groupe d’amitié, de très nombreuses personnalités politiques japonaises sont reçues au Sénat, en collaboration avec l’Ambassade du Japon en France, rencontres qui donnent lieu à d’intéressants échanges de vues. C’est ainsi que le 27 juin 2012, j’ai pu m’entretenir au Sénat avec M. Chiaki Takahashi, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, à l’occasion de son passage à Paris. Le Sénat reçoit en outre régulièrement des fonctionnaires de la Chambre des Conseillers qui souhaitent rencontrer leurs homologues pour étudier le fonctionnement de notre assemblée.

Une instance d’échanges et de dialogue, notamment dans le cadre de la coopération décentralisée
Le 27 janvier 2010, en liaison avec le Centre japonais des collectivités locales,  a été organisé au Palais du Luxembourg un colloque sur le thème : « Les collectivités locales et le développement durable en France et au Japon ». Cette  journée de débats a permis à des représentants de diverses collectivités locales françaises et japonaises de confronter leurs expériences.
Le Groupe d’amitié a également établi des liens fructueux avec la Fondation France-Japon de l’EHESS qui a pour mission de promouvoir les échanges intellectuels entre nos deux pays. Les débats et conférences organisés constituent une source d’information précieuse pour suivre l’évolution de la société japonaise.
Le Sénat représentant les collectivités locales, le Groupe d’amitié suit également avec une particulière attention les Rencontres de la coopération décentralisée dont la première édition a eu lieu à Nancy en octobre 2008, dans le cadre des célébrations du 150ème anniversaire des relations franco-japonaises. Les deuxièmes Rencontres se sont tenues en 2010 à Kanasawa. Les villes de Chartres et Compiègne  viennent d’accueillir les Troisièmes rencontres. Ces opérations ont été un vrai succès, témoignant de la profondeur des liens unissant les collectivités françaises et japonaises, et permis de donner un nouvel élan aux partenariats existant dans le cadre des jumelages. La décentralisation est, en effet, devenue un thème central de la politique publique au Japon et les villes japonaises sont de plus en plus demandeuses : 60 collectivités territoriales françaises sont engagées dans près de soixante dix projets.
Les nombreuses actions de solidarité qui ont suivi la catastrophe de Fukushima, émanant tant des collectivités locales que des entreprises ou des particulier témoignent du renforcement de nos liens avec le Japon.
Alors qu’au cours de ma visite au Japon de 2010 j’avais ressenti une certaine inquiétude et une forte attente de signes renouvelés des relations unissant nos deux pays, les contacts entre le Président Hollande et le Premier Ministre Noda en marge du G8 et la perspective de sa visite au Japon, ont contribué à l’espoir d’un renouveau de nos relations bilatérales dont je me réjouis.
Lors d’une visite de courtoisie en juillet 2012, le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a rappelé l’ambition de la France de construire un partenariat d’exception. Il a annoncé l’élaboration d’un programme d’action pour cinq ans, afin de structurer cette perspective dans tous les domaines. Avec 38 projets en France, le Japon se situe à la 6ème place des investisseurs étrangers. J’attache donc beaucoup d’importance à l’ouverture des négociations en vue d’un accord de partenariat économique entre le Japon et l’Union européenne.
Enfin, l’inauguration du nouveau lycée français de Tokyo témoigne de la volonté de la France de consolider sa présence au Japon et à Tokyo, région dans laquelle la communauté française est particulièrement bien intégrée.