PS@CTU
Lundi 17 juin 2013


David Assouline, porte-parole du Parti socialiste

Le résultat du scrutin du premier tour dans le Lot-et-Garonne doit nous imposer, bien sûr, une mobilisation immédiate pour continuer le combat, qui est d’abord de faire barrage au Front national dimanche prochain. Cela doit aussi nous imposer une réflexion plus large pour convaincre notre électorat de se mobiliser malgré les difficultés actuelles et en attendant les résultats de l’action gouvernementale pour redresser notre pays. Car notre électorat s’est démobilisé et s’est abstenu deux fois plus que l’électorat global. Même pour ce redressement que nous attendons et pour lequel nous travaillons, il faut de la confiance, c’est une dynamique globale. Nous devons entendre, écouter et inlassablement expliquer, convaincre et agir sur le terrain. C’est notre responsabilité. Le Front national n’est pas qu’une mauvaise réponse à la situation économique et sociale de notre pays, c’est un danger mortel pour notre République et pour notre cohésion sociale.

C’est un courant politique qui représente les pages les plus sombres de notre histoire. Il faut cesser de le banaliser. N’attendons pas un réveil douloureux, il sera bien tard alors. 

C’est pourquoi nous ne faisons aucun calcul politicien, nous restons arc-boutés sur un principe et une exigence pour l’intérêt supérieur des valeurs de la République : faire barrage au candidat du Front national la semaine prochaine, en votant pour le candidat de l’UMP avec qui nous ne partageons pas les solutions politiques mais qui dorénavant est le rempart électoral là-bas contre le poison du FN.

Madame Pécresse, ce matin, a une nouvelle fois fait preuve de peu de hauteur dans sa réflexion et ses réflexes politiques en déclarant que nous serions le meilleur allié du FN, alors que sans hésiter nous appelons à voter pour l’UMP face au FN comme dernièrement dans l’Oise et maintenant dans le Lot-et-Garonne. Faut-il lui rappeler que non seulement l’UMP dans des cas similaires appelle à ne pas faire la différence entre nous et le FN, mais que concrètement leurs candidats sur le terrain appellent à voter pour le FN contre nous sans être sanctionnés, comme dans les Bouches-du-Rhône avec le Maire des Saintes-Maries-de-la-Mer qui avait appelé à voter FN aux dernières législatives et qui n’a pas été exclu de l’UMP.

L’UMP devra choisir entre une alliance assumée ou non avec le FN mais souvent réelle sur le terrain, ou une stratégie digne et de principe républicain. Il ne pourra pas longtemps esquiver ce débat.

La trahison de Jérôme Cahuzac  a coûté  cher dans ce scrutin, au PS bien sûr dont il était membre- en cela d’ailleurs nous assumons notre responsabilité- mais aussi à la confiance plus générale dans la République, ses institutions et ses partis.

Pas de polémique à gauche sur les responsabilités, et je le répète : nous assumons la nôtre, mais au-delà ce que doit nous enseigner ce scrutin, c’est qu’à chaque fois qu’il y a un risque que le FN arrive au second tour en éliminant la gauche, il faut dès ce moment tout faire pour réaliser l’unité derrière le candidat le mieux placé pour arriver au second tour. Cela n’a pas été le cas ce dimanche, et ce n’est pas uniquement le PS qui a été sanctionné, je le répète c’est la gauche et la République, donc là aussi pas de calcul d’appareil mais des principes comme seule ligne de conduite.

Et je ne parle pas, à cet effet, de la « grande stratégie » de confrontation radicale avec nous du Parti de Gauche. Son score plafonne à 5%. Là aussi nous appelons toute la gauche à se ressaisir et à une réflexion commune. Nous voulons le rassemblement de tous ceux qui veulent un avenir de progrès pour notre pays.

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Par ailleurs, ce résultat nous impose aussi de poursuivre dans la voie ouverte par François Hollande et le gouvernement pour une République exemplaire. En votant la loi pour la transparence et le contrôle de la vie politique, mais aussi plus globalement en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale (par une pratique et une législation appropriée dans notre pays et aussi par une lutte dans les instances internationales, pour que ce soit au cœur de l’agenda international). La France en est à l’initiative.

Les affaires qui continuent de rythmer l’actualité politique (primes Guéant, arbitrage Tapie etc.) doivent trouver leur réponse d’abord par le travail indépendant de la justice qu’il faut saluer mais aussi dans une meilleure prévention et sanction de ces dérives. Mais la politique et le législateur doit prendre ses responsabilités. Nous attendons aussi l’UMP sur ce terrain puisqu’elle dit qu’elle ne votera pas les lois que nous proposerons.

Chaque affaire suit son cours sans entrave, c’est d’ailleurs Monsieur Raffarin qui ce week-end parlait de « chasse à Sarkozy », et je reconnais là son style à trois bandes. Peut-être a-t-il remarqué qu’à chaque fois, en haut de la pyramide des possibles responsabilités, l’ancien président est présent? Mais la justice, quant à elle, examine en toute indépendance les responsabilités de chacun et c’est bien ainsi. Laissons la travailler.

 Je veux aussi dire, dans un autre domaine, que laccord entre le Medef et l’AFEP va dans le bon sens, qui s’inspirant du « Say on Pay » en vigueur au Royaume-Uni, établit un code de bonne conduite permettant à l’Assemblée Générale des actionnaires de se prononcer sur les rémunérations des patrons.

 Cela bien entendu n’exclut pas de légiférer pour installer cette bonne pratique dans notre législation, mais aussi pour permettre aux salariés de faire partie des comités de rémunération car nous pensons que c’est nécessaire au-delà du point de vue et de la parole des actionnaires. Notre parti, en relation avec nos groupes parlementaires, évaluera la situation, en particulier au regard de la mise en œuvre de ce code. En tout état de cause, il faut mettre un terme à cette situation que j’ai décrite sur d’autres aspects de ce scandale des rémunérations abusives, qui minent la confiance des salariés et des citoyens (qui constatent parfois que dans les grandes entreprises les efforts demandés à tous souvent ne s’appliquent pas aux plus hauts responsables). Voilà les propos préliminaires que je voulais vous faire partager.