Alors que la communauté universitaire reste très mobilisée contre les réformes gouvernementales avec plus d’une vingtaine de campus encore perturbée, il est temps que le gouvernement et sa majorité cessent de jouer les incendiaires et que, grâce au dialogue, la situation revienne à la normale.


En effet, après plusieurs mois de mobilisation éprouvante pour les enseignants-chercheurs et les étudiants dans un conflit devenu le plus long de l’histoire de notre enseignement supérieur, les récentes déclarations du Premier ministre, de Valérie Pécresse ainsi que la proposition de loi de Benoist Apparu, député (UMP) de la Marne, ne font qu’alimenter la radicalisation du mouvement et mettre par conséquent définitivement en péril l’année universitaire pour des dizaines de milliers de jeunes.


L’annonce par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, le 6 mai, devant l’Assemblée nationale, que des retenues seront effectuées par les rectorats sur les salaires des enseignants-chercheurs participant au mouvement actuel, même par les moyens les plus pacifiques comme la retenue des notes, a fait ainsi suite au dépôt, le 5 mai, d’un projet de modification de la loi « LRU » porté par l’ancien rapporteur du texte au Palais-Bourbon, dont l’entrée en vigueur permettrait aux personnalités extérieures membres des conseils d’administration des universités – c’est-à-dire notamment aux représentants du monde économique – de participer à l’élection des présidents.

Autrement dit, alors que la discussion parlementaire de la loi d’août 2007 avait permis d’éviter le pire dans la nouvelle procédure de désignation des présidents des établissements en limitant le collège électoral aux seuls délégués des enseignants-chercheurs, la droite veut aujourd’hui sanctionner les présidents ayant contesté ses réformes.

Cette manière de gouverner par la sanction est-elle normale dans une démocratie ?

A l’évidence, non ! Ce comportement tout à fait irresponsable, qui enflamme une contestation en voie de radicalisation, signe le choix de Sarkozy et de sa majorité en faveur de la « politique du pire », qui vise à monter l’opinion publique contre le mouvement universitaire.

La seule issue à ce conflit est, comme les socialistes l’affirment depuis ses prémisses, dans le dialogue, qui ne sera possible que si le gouvernement retire deux réformes aussi dangereuses qu’improvisées : la remise en cause du statut des enseignants-chercheurs d’une part et le démantèlement de la formation des professeurs de l’enseignement scolaire d’autre part, avec la suppression des IUFM et la « mastérisation ».

En tout état de cause, le fait que le gouvernement joue le « pourrissement » du conflit jette une lumière crue sur le mépris avec lequel la droite et son chef, Nicolas Sarkozy, tiennent la communauté universitaire et de recherche, qui devraient pourtant être considérés comme des acteurs majeurs de l’émergence de la société de la connaissance et de l’économie de l’innovation en devenir.