Les responsables socialistes en charge de la santé en 1998, Martine Aubry et Bernard Kouchner, « n’ont pas été alertés de la dangerosité du médicament » Mediator, qui pourrait avoir entraîné entre 1.000 et 2.000 décès, a déclaré lundi David Assouline lors du point de presse du PS. »Martine Aubry, Bernard Kouchner et leurs cabinets n’ont pas eu d’informations concernant la dangerosité du médicament », a déclaré M. Assouline, secrétaire national à la Communication, interrogé sur l’alerte donnée par trois médecins de la sécurité sociale en 1998 sur les risques de l’utilisation de Mediator comme coupe-faim.

A l’époque, Mme Aubry était ministre de l’Emploi et de la Solidarité, et Bernard Kouchner son secrétaire d’Etat à la Santé.

« Ils n’ont pas été au courant et n’ont pas été alertés de la dangerosité de ce produit », a répété M. Assouline.

« S’il y avait eu une telle information (sur la dangerosité du médicament), probablement ils s’en souviendraient parce qu’ils étaient en état d’alerte permanent » sur les affaires sanitaires, a ajouté M. Assouline, rappelant le précédent de l’affaire du sang contaminé révélée quelques années auparavant.

Plus généralement, « il y a une alerte en 2003 lorsque l’Espagne retire ce médicament (de son marché), en 2005 l’OMS informe de cette décision de l’Espagne », a-t-il rappelé. « Certainement, il y a eu trop de lenteur pour réagir. Je crois que c’est l’organisation même de la santé en ce domaine qui est à revoir », a-t-il dit.

Mais « ne commençons pas à désigner des responsables sans qu’il y ait eu l’établissement de faits », a-t-il ajouté, soulignant que le PS était à l’origine de la création la semaine dernière d’une mission d’information parlementaire sur le Mediator.

Dès 1998, trois professeurs de médecine de la sécurité sociale avaient alerté la direction de l’Agence du médicament sur les risques de l’utilisation non autorisée du Médiator, comme coup-faim, selon une lettre révélée samedi par Le Figaro.

Commercialisé en France par les laboratoires Servier à partir de 1976, le Mediator, médicament indiqué pour des diabétiques en surpoids mais aussi prescrit comme coupe-faim, a été utilisé par 5 millions de patients, avant d’être retiré du marché en novembre 2009.

« Plus globalement, ça pose le problème de la trop grande interférence aujourd’hui de l’industrie pharmaceutique sur les décisions qui concernent les médicaments », a encore estimé M. Assouline.

AFP 20 décembre 2010