Je suis  revenu sur les débordements des anti Mariage pour tous, et sur la nécessaire réorientation de l’Europe pour combattre les politiques d’austérité.

L’action du gouvernement dans un contexte de crise

L’actualité est toujours aussi riche, je suis certain que vous aurez des questions à me poser mais je voulais ce matin m’arrêter sur une question qu’on ne peut banaliser dans un contexte particulier. Dans notre pays en crise financière, économique, industrielle, dans une Europe en crise, en panne de projets fédérateurs et de dynamique, où la majorité de pays sous la direction des droites conservatrices et ultra-libérales proposent comme seul horizon l’austérité, l’ensemble des forces politiques républicaines doivent s’attacher à animer le débat politique légitime, le débat public nécessaire, le débat citoyen, sur la meilleur façon de faire face, d’apporter des solutions, et en priorité pour l’emploi, pour endiguer ce fléau du chômage.

 Le gouvernement le fait, sa ligne de conduite est claire : 

– sérieux budgétaire sans austérité, pour garder notre indépendance vis-à-vis des marchés et continuer à emprunter à des taux historiquement bas – là où la droite avait augmenté de 600 milliards le déficit – et ainsi, avoir le poids, la force et l’autorité de peser dans le combat que mène le président de la République, François Hollande, en Europe pour la réorienter, pour que la croissance soit l’alfa et l’omega de sa priorité, et de ses choix, là où la droite s’était alignée sur Merkel et le tout austérité.

C’est ce que notre Conseil national a validé, a approuvé et a acté comme la priorité de notre combat au niveau européen ; de créer cette tension amicale, amicale car l’Allemagne est un pays ami et parce qu’il y a les Sociaux démocrates qui prônent cette politique. Mais tension, parce qu’il s’agit aujourd’hui de peser de toutes nos forces et de créer ce front de tous ceux, qui en Europe, s’opposent au tout austérité. C’est important car cela pèse bien entendu de manière fondamentale sur l’économie et l’emploi en France.

– ré-industrialisation, reconstruction d’un appareil productif sans lequel aucun avenir n’est envisageable pour notre grand pays, et donc compétitivité à retrouver.

– priorité à la création d’emplois qui en découle, y compris par toutes les mesures volontaristes des pouvoirs publics : emplois d’avenir, contrats de génération, mais aussi par l’assouplissement et la sécurisation du marché de l’emploi par l’accord et la négociation entre les partenaires sociaux, voté à l’Assemblée nationale, et qui va arriver au Sénat.

La droite avait permis la destruction de centaines de milliers d’emplois industriels, et augmenter le chômage d’un million supplémentaire.

Voilà la situation et la vérité sur ce que font les uns et ce qu’ont fait les autres.

Les résultats ne sont pas encore suffisamment importants pour que le scepticisme généralisé envers l’action politique et l’action publique, qui ne date pas d’aujourd’hui, soit endigué et inversé.

D’autant qu’à cette crise s’est ajouté un rebondissement, notamment de la crise morale, accélérée par l’affaire Cahuzac, et qui, malheureusement nous a frappés de plein fouet. 

Parce que nous sommes au gouvernement, nous sommes chargés d’expliquer et de mettre en œuvre ce sérieux budgétaire, cette politique fiscale plus juste et sans complaisance avec la fraude et l’évasion fiscale. 

C’est pourquoi les mesures annoncées par le président de la République pour la transparence et le contrôle de la vie politique, la modernisation déjà proposée avec le non-cumul des mandats, l’indépendance de la justice avec la réforme du CSM, et l’indépendance de la presse avec la protection des sources, tout cela est nécessaire.

La droite est contre, tout contre

Que dit la droite à ces propositions concrètes sur la modernisation ? La transparence de la vie politique et l’indépendance de la justice et de la presse ?

Elle pourrait concevoir que c’est un moment de possible rassemblement au lieu de susciter la polémique. Elle pourrait approuver, nous ne lui en demandons pas tant. Elle pourrait amender, faire ses propres propositions à ce problème, qui est à l’évidence pour tous quelque chose qui mine la confiance en la République et la démocratie.

La droite est contre, tout contre. L’intérêt général elle ne connaît plus. Aveuglée par les ambitions personnelles des uns et des autres pour être chef, elle salit, elle attise la rumeur, elle insulte, elle ment.

Dans ce moment difficile, l’opposition ne cherche pas le débat, n’ose pas proposer ouvertement ce qu’elle élabore dans ses conventions :

– augmentation généralisée de la TVA à 23 %, bonjour le pouvoir d’achat,

– non remplacement de deux fonctionnaires partant à la retraite, bonjour l’emploi et le service public qui reste le seul patrimoine de ceux qui n’en ont pas,

– 39h payées 35, bonjour le pouvoir d’achat et l’emploi.

 «EN EUROPE, LES FORCES CONSERVATRICES NE PROPOSENT COMME SEUL HORIZON QUE L’AUSTÉRITÉ»

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Non, elle a décidé de tout critiquer avec violence, cynisme et mauvaise foi ; et même de justifier la violence et l’outrance. Utilisant le débat sur le mariage pour tous, elle cherche a créer artificiellement un climat qui met maintenant en cause la démocratie parlementaire.

On assiste à une Ligue UMP-FN contre la démocratie parlementaire. Vendredi, on s’est attaqué par la force au Sénat, à une assemblée parlementaire. On légitime le soi-disant «printemps français» qui ressemble plus à un «printemps facho». Un jour, on attaque la justice, on cible un juge, un autre, le Parlement, on cible des personnalités politiques pour leur engagement, pour leur position, y compris dans leur espace privé. Je ne vais pas énumérer la liste qui ne cesse de s’allonger.

«LE PRINTEMPS FRANÇAIS RESSEMBLE PLUS AU PRINTEMPS FACHO»

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Mariage pour tous

Dans ce débat sur le mariage pour tous, cela fait six mois que l’on discute. En octobre, le gouvernement a accepté que cela vienne à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale en janvier pour permettre que le débat soit encore plus ample. Le gouvernement, à l’inverse de ce qui a été fait pendant cinq ans précédemment, a décidé de ne pas utiliser la procédure d’urgence. Cent heures de débats à l’Assemblée nationale, des dizaines et des dizaines d’auditions, cinquante au Sénat, cent quarante personnalités auditionnées… jamais un débat de société n’a été aussi long, aussi important et aussi fourni (des manifestations, des pétitions…).

Le Sénat a adopté l’article I. Le seul débat à l’Assemblée nationale sera sur les précisions juridiques apportées à des articles pour sécuriser le texte. Attendre un mois et demi encore ? Mais les Français nous disent qu’ils en ont assez. Il y a beaucoup de priorités aujourd’hui sur lesquelles ils veulent voir le débat politique s’organiser. D’ailleurs, la droite nous le disait : «pourquoi ce débat alors qu’il y a d’autres sujets ?» La droite a fait non seulement durer mais aujourd’hui elle pense que c’est ce qui doit mobiliser de façon fondamentale toute son énergie, y compris jusqu’à la violence dans la rue. Alors, ça suffit de jouer !

Aujourd’hui, il y a besoin de cohésion nationale, de cohésion sociale. Bien entendu, nous défendons des politiques différentes, mais personne ne peut jouer avec ce climat. La démocratie parlementaire, comme la justice, doivent être des institutions qu’on conforte, qu’on légitime, elles sont les garantes du bon fonctionnement de notre République.

Gare aux apprentis sorciers de tout poil, il est temps de se ressaisir !

Oui, il y a eu des condamnations générales ce week-end, mais en même temps on parle de coup d’état parlementaire. Depuis quand y a-t-il des coups d’état parlementaires ? Quand le parlement est respecté, quand toutes les procédures sont respectées, les coups d’état, on les connaît, sont militaires, sont autres. Mais quand le parlement fait son travail, on ne joue pas avec ces mots, c’est la droite qui le dit. Et quand elle condamne, elle dit qu’elle condamne la violence de tous les côtés.

Tout n’est pas bon, tout n’est pas permis. En tous cas, la démocratie doit être confortée dans ce moment particulier. Nous avons connu d’autres moments dans l’Histoire où ceux qui n’ont pas voulu d’abord mettre la question de la démocratie au cœur s’en sont mordus les doigts plus tard. Voilà ce que je voulais dire de façon assez ferme ce matin.