Il y a trois mois, les royalistes menaçaient d’aller devant les tribunaux contre la nouvelle direction. Aujourd’hui ils y entrent. Que s’est-il passé ?

Le congrès a été très dur et un moment violent alors que notre motion était arrivée en tête. Le résultat de l’élection pour la première secrétaire était très serré, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y a eu des blessures. Il faut savoir sortir de cette introversion et se concentrer sur l’essentiel de notre engagement et notre raison d’être, c’est-à-dire être utile aux Français dans un moment où c’est plus que jamais nécessaire, puisque que nous sommes face à une crise économique et sociale sans précédent.
Pour être utile nous devons être unis, nous rénover profondément, être une opposition unie face à Sarkozy. Et surtout recrédibiliser notre parti comme un parti qui pourrait gouverner demain. Sinon, on en prendra pour 5 ans de sarkozysme. Nous devons être l’espoir à gauche.

L’approche de l’élection européenne a-t-elle aussi accéléré ce rapprochement ?

Ça fait partie de ce que je vous dis. Nous sommes confrontés à des échéances. Cette élection est un enjeu pour l’Europe. Il n’y a pas de solution à la crise que dans le cadre français. Et sans unité, point de crédibilité.

Vous décrivez un rapprochement de raison, mais ne peut-on pas aussi y voir un rapprochement tactique ?

Non, c’est une nécessité liée à nos convictions profondes.

Vous êtes nommé «Secrétaire national auprès de la première secrétaire». Allez-vous encadrer Martine Aubry ?

Non. Je suis membre de la direction exécutive, je vais établir un lien entre la première secrétaire et ce que nous pouvons représenter, tout en travaillant sur des questions diverses, qu’on précisera ensemble. Cela peut être des sujets liés aux élections, à la communication et ce que souhaitera Martine Aubry. J’aiderai à ce que ce travail commun soit le plus efficace possible.

Pensez-vous que l’attitude offensive, agressive même parfois, de certains royalistes contre la direction ait pu mal passer au sein de l’opinion et des militants du PS ?

Je n’ai pas ressenti les choses comme vous le dites. Globalement, les divisions, la violence de l’affrontement du congrès ont terni l’image et la crédibilité des socialistes en général.

Les partisans de Ségolène Royal courraient-ils le risque de paraître mauvais perdant ?

Non, non. Ce n’était bon pour aucun socialiste, dans leur ensemble. Depuis plusieurs semaines, nous (les royalistes, ndlr) avons voulu sortir de cette situation très vite.

Justement, certains partisans de Ségolène Royal n’étaient-ils pas plus pressés que Ségolène Royal elle-même de rejoindre la nouvelle direction ?

Non. Ce que je sais, c’est que Ségolène Royal a plusieurs fois manifesté cette volonté de rassemblement et a même déclaré sur Canal plus que Martine Aubry est la chef du Parti socialiste, qu’elle était derrière elle et prête à ce rassemblement.

Malgré ce réchauffement, le PS ne risque-t-il pas d’assister à l’avenir au retour d’une sorte de Guerre froide en son sein ?

Aujourd’hui, il faut se dire que nous avons au moins un an et demi de travail qui doit être utile pour nous rénover et produire des idées et des propositions. Ensuite, ce travail pourra continuer, mais nous approcherons d’une échéance d’investiture pour 2012 propice aux compétitions. Il faut donc se dire que nous avons intérêt à unir toutes nos intelligences pour nous rénover. Il faudra faire en sorte ensuite que cette compétition soit seine, que les règles soient acceptées par tous et que quel que soit le candidat, il sera porteur d’un projet crédible.

Manuel Valls a déclaré ce matin que Ségolène Royal devait aujourd’hui offrir «le visage d’un leader apaisé» et ne pas uniquement susciter «la polémique». Etes-vous d’accord avec lui ?

Il faut être utile et serein. Ce qui n’empêche pas parfois de dire les choses avec clarté et détermination. Surtout face à Nicolas Sarkozy.

Ségolène Royal restera-t-elle une sorte d’électron libre avec sa liberté de parole, ou peut-elle encore intégrer la direction ?

Ségolène Royal a sa liberté de parole. Elle a aussi son statut d’ex-candidate à la présidentielle, qui est particulier. C’est un fait. Dans le cadre de notre intégration à la direction, c’est à elle d’établir avec Martine Aubry les liens et les missions qu’elle souhaite remplir pour être utile aux Français. Elles vont le faire à un moment.