J’étais interrogé par I télé sur la situation politique : débat sur le mariage pour tous au sénat, et climat politique.

LE 17-20 – Le 04/04/2013 – 17:00:47

Invité : David ASSOULINE, sénateur, porte-parole PS

Denis GIROLAMI

La parole est désormais au Sénat sur le mariage homosexuel, la haute Assemblée s’est emparé du projet de loi qui avait déjà été adopté à l’Assemblée, alors que les opposants devraient donner de la voix, tout à l’heure, aux alentours de 18h00, aux abords du Palais de Luxembourg. On prend précisément la direction du Sénat, où nous attend le sénateur socialiste de Paris, David ASSOULINE. C’est Christiane TAUBIRA qui a porté, présenté devant les sénateurs ce projet de loi. On dit qu’il pourrait y avoir des défections, jusque dans les rangs de la gauche, jusque dans les rangs socialistes sur ce vote. David ASSOULINE, vous êtes confiant malgré tout ?

David ASSOULINE

Oui, très confiant, le débat s’annonce serein, en tous les cas les multiples auditions et puis aussi les travaux de la Commission ont été très calmes, avec un attachement, qui est toujours celui du Sénat, à sécuriser juridiquement les textes. Donc, il y a des amendements qui permettent de préciser les choses. C’est pour cela que ce ne sera pas un vote conforme, ce sera un vote sur les deux questions essentielles, que ce soit le mariage et l’égalité pour le mariage pour les homosexuels comme pour l’adoption, mais il y avait, y compris le gouvernement souhaitait qu’il y ait quelques précisions. Donc, le débat est serein ici. Ce qui est inquiétant, c’est plutôt depuis une quinzaine de jours, depuis cette deuxième manifestation, les pressions, le climat assez violent, les insultes. Moi-même, sur les réseaux sociaux, on me dit « crève » ! On va devant le logement personnel et privé de madame JOUANNO ! C’est une tournure que les leaders de ce mouvement de manifestations ont décidé de donner, en laissant le GUD et les mouvements violents être là, CIVITAS. Mais ici, je trouve que c’est sérieux, ça honore la République. Je ne peux pas préjuger, le débat commence aujourd’hui, mais jusqu’à présent, ça a été comme ça et ce serait bien que ça reste comme ça parce qu’on sent que certains veulent durcir les choses et faire qu’on ne soit pas sur un débat de fond. C’est un débat de société tout à fait louable, tout à fait intéressant, qui a l’honneur de notre démocratie. Il faut qu’au Sénat, on poursuive dans ce sens.

Nelly DAYNAC

Il y a aussi cette actualité politique et ce climat délétère après l’affaire CAHUZAC. Est-ce que, à votre sens, il faudrait que le gouvernement procède à un remaniement, comme d’ailleurs certains le demandent, le réclament, y compris à gauche ?

David ASSOULINE

Moi, ce que je pense, c’est qu’il faut répondre et prendre le temps de réfléchir à une situation qui est devenue délétère, y compris dans la sphère politique. C’est-à-dire que la façon dont les responsables au plus haut niveau, je pense encore à monsieur COPE aujourd’hui, agressent, attaquent, tentent de discréditer l’exécutif, pas sur le fond, j’attends les propositions qui sont tout à fait nécessaires de l’opposition, est quelque chose qui, dans un climat économique, financier, social qui est déjà très difficile, peut laisser aller à n’importe quel dérapage. Donc, je le dis de façon très solennelle, l’ensemble des responsables politiques, ceux qui aiment la politique au sens noble du terme, ceux qui sont dans un engagement pour des convictions et au service de notre pays doivent prendre la mesure des choses et donner l’exemple. Donc, il y a cette affaire difficile, difficile pour un socialiste, difficile pour la gauche parce que c’est une trahison de nos engagements et de nos valeurs qui s’est manifestée à travers ce qu’a fait monsieur CAHUZAC. Ne pas essayer de récupérer comme des vautours en essayant de discréditer ceux qui, au contraire, ont permis que la justice puisse travailler et travailler vite en toute indépendance et ça tranche du passé, parce que je ne vais pas rappeler les multiples affaires où il y a eu des pressions sur la justice dans le passé. Aujourd’hui, nous avons la chance et c’est aussi la bonne nouvelle, c’est que la presse a pu travailler de façon indépendante et la justice aussi.

Denis GIROLAMI

David ASSOULINE, on l’a dit tout cela, on l’a souvent entendu, tous ces arguments, on les a entendus dans la bouche des responsables socialistes. Il y a cette cote de popularité qui s’effondre…

David ASSOULINE

Oui, mais je les répète.

Denis GIROLAMI

… La cote de popularité du président, 27 % de satisfaits aujourd’hui, c’était avant les aveux de Jérôme CAHUZAC, il y a une autre affaire qui éclabousse cette fois l’ancien trésorier de la campagne de François HOLLANDE, Jean-Jacques AUGIER, les révélations du MONDE de cet après-midi. Il y a Cécile DUFLOT ce matin, en Conseil des ministres, qui dit : « Il faut un geste politique fort. » Quel pourrait être ce geste politique fort que beaucoup appellent de leurs vœux aujourd’hui ?

David ASSOULINE

Je vous répète, nous sommes à chaud, je pense qu’il faut une réponse qui est une réponse globale, qui réponde à une situation aussi vécue par les Français parce que les résultats vont venir, mais ils ne sont pas encore là. Il y a donc une méfiance, le mot est faible, mais aussi un scepticisme sur le sens de l’action publique en général, avec aussi la mondialisation, avec les difficultés. Je pense que cette affaire est venue encore plus noircir le tableau. Donc, il faut probablement qu’il y ait une réponse en profondeur, pas que sur la forme ou sur les dispositifs. Donc, cela nécessite, au contraire, de prendre du recul, d’apprécier assez froidement la situation pour être efficace. Donc, je ne me lancerai pas aujourd’hui dans des formules ou dans des souhaits qui ne sont pas à la hauteur de la réponse qu’il faut avoir. C’est une réponse de fond, notamment, il faut absolument que sur le plan économique et social, les résultats arrivent.

Denis GIROLAMI

Si je vous entends bien, David ASSOULINE – pardon d’insister – vous n’êtes pas sur la même position que Bruno LE ROUX, le patron des députés socialistes, qui, ce matin, sur I TELE, disait, oui, après tout, pourquoi pas, ce serait mieux de travailler avec un gouvernement resserré, vous n’êtes pas, du moins pas encore sur cette ligne-là ?

David ASSOULINE

Je vous ai dit ni que je suis ou que je ne suis pas, Monsieur, je vous ai dit mon point de vue, qui est aussi, comme porte-parole du Parti socialiste, je porte aussi une parole collective. Donc, les débats que nous devons avoir sur la meilleure façon de répondre à la situation, je vous les communiquerai quand ils seront travaillés, affinés. La situation n’appelle pas à une seule réponse. Un gouvernement plus ramassé, plus percutant, plus lisible, ce sont des possibilités qui ont évoquées par monsieur LE ROUX, je ne conteste pas que ça peut être des pistes. Mais en tous les cas, aujourd’hui, au moment où nous parlons, je répète, c’est le recul, l’analyse froide de la situation et des réponses plus globales pour répondre à ce scepticisme qui existe dans l’opinion, qu’on a vu aussi à travers une élection partielle il n’y a pas longtemps. Surtout, nous attacher à répondre aux préoccupations essentielles, la question de l’emploi, cette crise sociale qui est là. Il faut que les Français voient vite les résultats, sans qu’il y ait une tension totale de ceux qui gouvernent et j’ai confiance en eux pour qu’ils puissent vivre mieux.

Nelly DAYNAC

Merci beaucoup, David ASSOULINE, pour votre réaction sur l’antenne de I TELE. 17:08:35 FIN>