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L’attente, la demande, devenait insoutenable. Les français étaient impatients : « mais que fait le gouvernement » disaient-ils en cœur, non pas concernant le pouvoir d’achat, le système de santé, l’école, l’emploi, non, ils voulaient enfin que le gouvernement lance un grand débat sur l’identité nationale et surtout, surtout, qu’il y ait un colloque sur la question, à 10 jours des élections régionales. Et que les mauvais esprits ne disent surtout pas que loin d’un débat intelligent, honnête, de fond, sur ce qui fonde et fait France aujourd’hui, il s’agit pour Monsieur Besson d’une manœuvre politicienne, démagogique dont la petite musique de fond sera : les enfants de l’immigration posent problème et menacent notre identité parce qu’ils ne sont pas fiers d’être français, les immigrés qui viennent menacent nos valeurs, la gauche n’aime pas le drapeau et l’hymne national, elle est l’Anti-France., votez UMP !

Petit et dégueulasse, voilà ce que je ressens à propos de cette initiative.

Etes-vous fiers d’être français ? Et si on posait la question autrement ? Est-ce que la France, ses responsables actuels,  sont fiers de tous ses enfants ? Est-ce qu’elle les valorise ou les montre du doigt ? Est-ce qu’elle les aime, ses petits français reclus à vie dans des ghettos urbains, quand le Président les stigmatise continuellement jusqu’à leur dire : la France aimez-là ou quittez-là ! Mais pour aller où, ils sont français. Par contre que d’égard pour ceux qui mettent leur argent en Suisse, délocalisent là où la main-d’œuvre est moins chère, brisant des vies de salariés.

La France que j’aime c’est la patrie des droits de l’homme, pas celle qui renvoie des Afghans dans le pays qu’ils ont fuis parce qu’ils y étaient en danger.

La France que j’ aime, c’est celle des ouvriers de 1848 pas celle de Napoléon le Petit, de la Commune pas celle des Versaillais qui l’ont écrasée, celle de Zola qui « accuse » pas celle qui condamna Dreyfus, celle de Jaurès pas celle de ceux qui l’ont assassiné pour envoyer à la boucherie des millions de jeunes de tous nos villages, celle qui a porté Léon Blum au pouvoir pas celle de Gringoire qui appelait tous les jours à la haine antisémite et raciste, celle des Justes pas celle des délateurs, celle de Manouchian pas celle de Pétain

La France que j’aime c’est celle de l’Ecole Laïque et Républicaine pas celle des classes qu’on ferme, et dont les professeurs sont disqualifiés par le Président qui trouve que les curés et les prêtres leur sont supérieurs.

La France que j’aime c’est celle de la Sécurité sociale, de la CMU, de la Santé pour tous et pas celle de ceux qui ont plus droit à la vie parce qu’ils en ont les moyens.

La France que j’aime, c’est celle de l’impôt juste et progressif pas celle du bouclier fiscal pour les plus riches.

La France que j’aime c’est celle dont rêvait mon père pour ses enfants en venant s’y installer, celle du savoir, de la culture, des universités, des chercheurs, pas celle de l’apparence, du bling-bling, et du fric.

La France que j’aime, c’est celle de tous ses employés, artisans, petits commerçants, qui triment tous les jours pour joindre les deux bouts, pas celle du Fouquet’s.

Cette France que j’aime, et dont je suis fier, on doit la cajoler, on doit la défendre, on doit la construire, on doit la chanter, on doit l’enseigner aux enfants. Pour que la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la Laïcité, restent au cœur de cette belle construction politique, et non ethnique, qu’est la France Républicaine.