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Discours d’ouverture des rencontres du Rassemblement social, écologique et démocrate du 14 novembre 2009

Chers  amis, chers camarades,

Je dois d’abord remercier mon ami François Rebsamen, qui est également mon collègue au Sénat depuis un an , de nous accueillir aussi bien, avec sa chaleur légendaire, ici à Dijon.

Je partage, en plus, avec lui; une passion qui fait qu’aujourd’hui nous sommes à l’unisson complet.

Que cette journée soit une réussite pour l’avenir de l’école, pour l’avenir du Rassemblement de la gauche, des écologistes et des démocrates, mais aussi – on a ce péché-là – aujourd’hui, on attend avec impatience, le match de foot de ce soir.

Je veux aussi saluer toutes celles et ceux qui, autour de Thierry Coursin, Marc Mancel, Laurent Grandguillaume – secrétaire de la section socialiste de Dijon –  ont tout fait pour que vous puissiez travailler concrètement à l’organisation de cette belle journée !

Une belle journée consacrée  uniquement, complètement, au débat de fond, précis, argumenté, critique, mais aussi propositionnel, pour que l’éducation, l’école, redevienne le pilier de la promesse Républicaine, l’espoir  et  la chance, quelles que soient sa naissance et sa fortune, que chacune et chacun pourra se construire comme citoyen, s’émanciper par la connaissance, et choisir en se préparant à sa vie professionnelle.

Vous allez voir qu’aujourd’hui, on va parler vraiment de ce qui fait  France, Nation libre, égale et fraternelle.

Pas un débat convoqué dans une préfecture, à l’initiative d’un ministre qui est chargé de faire la chasse aux travailleurs sans-papiers ;

Pas un débat convoqué pour utiliser des désarrois inévitables face à la mondialisation, au bouleversement technologique et industriel, au bouleversement climatique ;

Pas  un débat convoqué pour utiliser des mal-êtres et des peurs en faisant croire qu’il s’agirait d’un problème d’identité nationale ;

Au lieu, au contraire, de donner confiance et de réaffirmer avec fierté ce qui dans la tradition française permet de parler au monde, de comprendre le monde de faire sens pour le monde.

Valoriser ce qui fait que dans la France le monde existe, et ce qui permet au monde de reconnaître la France et de l’aimer.

La France que nous aimons c’est celle de la patrie des droits de l’homme, pas celle qui renvoie des afghans dans le pays qu’ils ont fui parce qu’ils y étaient en danger ;

La France que nous aimons, c’est celles des ouvriers de 1848, pas celle de Napoléon le petit, de la Commune, pas celle des versaillais qui l’ont écrasée, celle de Zola qui accuse, pas celle qui condamna Dreyfus, celle de Jaurès pas celle de ceux qui l’ont assassiné parce qu’il les prévenait la boucherie qui laissa sur le champs de bataille 1 500 000 jeunes de toutes nos villes et nos villages ;

La France que nous aimons c’est celle qui a porté Léon Blum au pouvoir, pas celle de Gringoire qui appelait tous les jours à la haine antisémite et raciste, celle des Justes, pas celle des délateurs, c’est celle de Manouchian qui disait notre triptyque « liberté, égalité, fraternité », ces mots qui disaient la France, celle de Manouchian, de l’Affiche Rouge, tous immigrés,  pas celle de Pétain, Laval et autre Papon ;

La France que nous aimons, c’est celle de la sécu, de la santé pour tous, pas celle de ceux qui ont plus de droits à la vie parce qu’ils en ont les moyens ;

La France que nous aimons c’est celle de l’impôt juste et progressif pas celle du bouclier fiscal ;

La France que nous aimons, c’est celle de tous ces employés, petits artisans, petits commerçants, salariés, qui triment tous les jours pour joindre les deux bouts, pas celle du Fouquet’s ;

La France que j’aime c’est celle dont rêvait mon père en venant s’y installer, celle du savoir, de la connaissance, des universités, des chercheurs, pas celle de l’apparence et du bling-bling ;

La France que nous aimons et dont on est fier et dont tout le monde ne peut être que fier, quelle que soit sa condition, son origine, sa religion  ou son appartenance politique, c’est celle qui fait vivre réellement la liberté, légalité la fraternité, la laïcité, qui sont au cœur de cette belle construction politique  – et non pas ethnique- qu’est la République, qu’est la France Républicaine. Et son pilier, c’est l’école !

Bien sûr que nous aimons cette France qui a mis au cœur de son contrat social, l’éducation parce que c’est là que l’on fabrique des citoyens et c’est cette citoyenneté, le  – vivre-ensemble -, qui doit légitimement être interrogée et débattue. Et c’est ce que nous allons faire aujourd’hui.

L’accès à tous, à l’éducation publique laïque, gratuite et obligatoire – a été la marque distinctive de la République, cela a été l’entrée concrète, intime quotidienne de la République dans la vie de chaque homme et de chaque femme, des villes et des campagnes  de toutes les conditions sociales et en particulier ceux, les plus nombreux, les moins favorisés.

C’est l’école qui a marié profondément et durablement le peuple à la République, et qui a forgé notre identité commune !

Oui, l’école, pour la gauche, pour les républicains, pour les démocrates, a été une passion humaniste et une passion citoyenne !

Et nous sommes ici ensemble pour faire revivre cette passion face à un Etat qui l’a réduit à un problème budgétaire, face au doute qu’elle suscite aujourd’hui et à l’épreuve qu’elle devient pour les familles.

A chaque fois, chaque république successive, a porté des réformes refondatrices, pour qu’elle réponde toujours à sa mission au cœur de la société qui elle, bouge en permanence. Les missions des enseignants, les temps de l’école, la pédagogie, la place et l’écoute des enfants et des jeunes, mais aussi des parents, tout cela a toujours bougé, pour que l’ascenseur social fonctionne et que la république tienne sa promesse d’égalité.

Alors, il ne suffit plus de résister face aux coups massifs, concertés, de déconstruction de l’école publique que Nicolas Sarkozy a accéléré depuis qu’il est au pouvoir; Oui, il faudra non seulement défendre, comme on le fait,  tout ce qui permet encore de faire vivre ensemble dans nos villes et dans nos  quartiers, parce que même abimée et  en panne, heureusement que les écoles, les  collèges, les lycées, les universités et  ces centaines de milliers d’enseignants et de personnels administratifs, sont là, comme des résistances érigées en sentinelles de la République, comme des roseaux qui plient mais ne rompent pas. Mais cela ne pourra pas tenir longtemps sans réformer profondément, oui réformer dans le sens du progrès, on est obligé de le rappeler aujourd’hui, tant Nicolas Sarkozy a associé à ce mot, la régression.

Oui, il faudra en finir avec un système qui sélectionne de plus en plus par l’échec et qui l’assume, qui laisse s’installer un marché de l’éducation sur fond de compétition scolaire exacerbée et profondément inégale.

Qui se purge chaque année de 150 000 jeunes qui ne trouvent ni emploi, ni formation.

Nous allons parler, aujourd’hui, chercher ensemble, politiques, syndicalistes, spécialistes, membres de la communauté éducative, avec vous toutes et tous,  afin de faire émerger un nouveau contrat entre l’école et la nation; c’est-à-dire une nouvelle espérance pour notre peuple, et si nous y arrivons, alors oui,  j’en suis sûr, 2012, avec cela au cœur d’un projet alternatif,  sera la fin du sarkozysme !

On est là pour ça, ni pour des élections régionales qui arrivent, ni pour des photos et des images, mais pour travailler, s’écouter, se rassembler et surtout  marcher ensemble !

Bonne route à toutes et à tous.