Patrick Bloche a introduit le débat en rappelant que le PS a présenté, fin mars, ses propositions pour le pluralisme et l’indépendance des médias, et pour la restauration d’un audiovisuel public fort et indépendant. Il a dénoncé la proposition de loi récente qui propose la création d’un « ordre des journalistes », en rappelant que les parlementaires  socialistes ont défendu un texte pour l’indépendance des rédactions. Il a souligné que la profession des journalistes est aujourd’hui précarisée. L’âge moyen des journalistes augmente, leur revenu moyen baisse.

Dominique Pradalié a affirmé que les journalistes ont besoin des élus et des citoyens militants. Elle a souligné que l’information sur l’information a beaucoup de mal à exister en France. Elle a insisté sur la nécessité de nommer et de responsabiliser des médiateurs. Elle a souligné que, cette pour la première fois, la commission de la carte de presse a enregistré moins de journalistes que l’année dernière.

Daniel Schneidermann a affirmé que la presse française est insuffisamment pluraliste, insuffisamment instigatrice, et insuffisamment tournée vers l’étranger. Il a pris pour exemple le traitement médiatique du bureau national que le PS a consacré à la crise financière. La seule question posée par les journalistes aux responsables du PS était : que pensez-vous du dernier rebondissement de l’affaire DSK ? On en est arrivé à un tel point d’intériorisation que les journalistes acceptent « l’actu » qu’on leur impose. Il est indispensable d’abroger la loi de 2009 sur l’audiovisuel public, mais il faut aller plus loin. L’erreur magistrale a été la privatisation de TF1 (1987). C’est là qu’a commencé la logique de commercialisation de l’information. Sur le strict plan des principes, Daniel Schneidermann est favorable à la renationalisation de TF1. Pour lui, Internet est le meilleur média de production de l’information. Il encourage le PS à s’en emparer pour contourner ceux qui ne veulent pas entendre les débats de fond.

David Assouline réaffirme que la question de l’information est au cœur du projet politique des socialistes. Elle est liée à l’enjeu de la liberté d’expression, et est devenue une condition de la démocratie et de la liberté dans la société. Il a regretté qu’il n’existe plus d’émission qui permet d’avoir un regard critique sur la construction de l’information. Didier Mathus a insisté sur la nécessité du pluralisme. La production d’information ne doit pas obéir aux mêmes règles que le reste de l’activité économique. Dans ce secteur, la concentration peut desservir la qualité.

Le débat s’est ensuite engagé sur la nécessité d’une éducation aux usages de l’Internet et à la lecture de l’information, sur la situation des médias locaux, sur l’encadrement de la production d’information sur le web, et sur la façon dont les médias intègrent la sémantique imposée par le pouvoir.